Hey, dis-moi. T’as un but dans la vie ? Ou une ligne de conduite, un genre de chemin à suivre dont t’essaye de pas trop te détourner ? Moi, oui, en tout cas. Une sorte de guide qui s’est imposé à moi il y a plusieurs années.
Non, t’enfuies-pas Didier. Ce n’est pas un truc surnaturel ou mystique. C’est juste un constat. J’ai créé un personnage qui représente pour moi l’exemple parfait à adopter en chaque situation. Ou plutôt, ce personnage m’est apparu, un peu comme ça, par hasard.
Bon, oké, c’est étrange, tu vas me prendre une fois de plus pour un fou. Mais laisse-moi t’expliquer rapidement, petit lecteur.
Je serais bien incapable de te donner une date exacte, mais disons que c’était il y a quelques années. J’écrivais une fiction qui m’aura pris beaucoup beaucoup de temps, et j’étais au Tome 7. Pour faire (très) court, dans cette partie de ma fiction, on est face à un scénario super sombre, qui contraste beaucoup avec les précédents, et également avec ceux qui suivront. Bref, c’est l’épisode noir de la série. La petite amie du héros est très gravement blessée, et celui-ci doit aller au bout du monde chercher un moyen de la sauver (ne me juge pas, j’écris ce que je veux, bâtard !)
Esseulé, complètement transformé par cette histoire alors qu’il est d’un naturel plutôt marrant, le héros en question change du tout au tout. Il devient cynique, méchant, mais tout ça cache surtout une terrible détresse. A ce moment là, dans mon écriture, je n’avais pas encore prévu ce qui allait se passer, et le personnage que j’ai créé semble être apparu par sa propre volonté. Le héros va en effet rencontrer Sylvain un ami de son père (décédé). L’aide est inespérée et le type va devenir un soutien, d’abord dans ce tome, puis un véritable mentor pour le héros, dans la suite de ses péripéties.
Calme, réfléchi, mais aussi sympathique et cool, Sylvain représente tous les aspects positifs possibles dans une personne. Quel intérêt à créer une personnalité aussi impossible, aussi caricaturale, me demanderas-tu. D’autant plus qu’avec son arrivée, la fiction en question perd soudainement en gravité.
Disons que, tel un joker, ce personnage est là pour aider tout le monde, et agit comme un filet de sauvetage permanent. Pas là pour tout faire, car sinon, il n’y aurait plus eu aucun intérêt à écrire une aventure, mais là pour dédramatiser les aspects les plus difficiles de mon récit.
Dès lors, Sylvain est devenu pour moi une sorte de modèle. J’ai beau réfléchir, je n’arrive pas à savoir quelles sont réellement les sources d’inspiration qui m’ont fait créer ce type. Physiquement, c’est un peu Manu Eveno du groupe Tryo : chapeau, barbichette et guitare. Son côté paternel évoque éventuellement l’aspect rassurant de mon géniteur ou bien de mon grand-père.
Pourtant, il a une place à part, indéfinie, et pourtant primordiale. Il est la petite voix qui me conseille en chaque occasion. Celle qui me dit quand je fais fausse route, et celle qui me parait la plus logique dans les moments les plus durs. Une philosophie et une manière de pensée tout en souplesse, puisqu’à chaque fois, je me rends compte que ce sont toujours des conseils (ou des réflexions, je ne crois pas vraiment qu’il y a une voix dans ma tête, rassure-toi Roberto) qui s’assurent de plusieurs choses : faire le maximum de bien autour de soi, être calme, essayer d’aider les autres tout en se faisant plaisir.
Je ne suis pas toujours ce chemin ceci dit. Dans mes gueulantes, dans mes énervements, je sens souvent la petite voix qui me rappelle à l’ordre, mais que je n’écoute pas.
Une sorte d’ange gardien, peut-être. J’en sais trop rien. Certains ont besoin de la religion pour avoir des valeurs et une morale. Moi je réfléchis et je pense à ce que ferait ce type à ma place…
Allez, tu peux t’enfuir en courant.