Walking Dead (iOS)

J’ai pour habitude d’être à la ramasse au niveau des sorties de jeux vidéo. Primo, parce que je ne trouve pas le temps suffisant pour jouer, et secundo, parce que lorsque je suis sur un jeu, j’y suis vraiment à fond, et que j’y vais lentement, très lentement. Pour peu qu’il soit de qualité, il m’obsède, accapare mes pensées, je ne joue à rien d’autre, et du coup, je mets beaucoup de temps à le terminer. Du coup, je commence un jeu alors que tout le monde l’a terminé depuis des mois.

Cette fois-ci, avec The Walking Dead, je suis presque dans l’étang les temps. Presque. J’ai commencé la série il y a quelques temps, et j’ai eu la bonne idée (j’y reviendrai d’ailleurs) de la faire sur iPhone. Passant beaucoup de temps dans les transports (l’immersion est moindre, je l’accorde, mais on en reparlera aussi), ce fut l’occasion de ne pas lâcher le jeu d’une semelle.

Considéré par beaucoup, comme le jeu de l’année 2012, il fallait tout de même que je me fasse mon avis. Moi, ma faible expérience des softs de ce genre et mon niveau CM2 en anglais. Et pourtant, pourtant… je vais te livrer mon expérience et mon ressenti des 5 épisodes qui composent ce jeu… allez je l’avoue, très bon, qu’est the Walking Dead.

Multi-support

Bon, on va la faire courte. Blablabla, Walking Dead, comics qui cartonne, série télévisée beaucoup plus décriée, mais moi, je m’en balance, je ne connaissais ni l’un ni l’autre, ma religion m’interdisant la lecture et la télévision. Ma volonté de commencer la série s’est subitement éveillée lorsque, un jour, il a été décidé que le premier épisode serait gratuit. GRA-TUIT. Et mine de rien, le premier épisode, c’est pas du pipi de chamelle, c’est une vraie expérience narrative (et je ne dirai pas vidéoludique, car ça, on en parlera plus tard, Mauricette). iOS mais aussi, le Xboxlive et le Playstation Store le proposaient gratos de chez gratos. Du coup, un téléchargement avec la console de bilou et, afin de profiter de l’expérience partout partout, un petit download sur mon 4S de bourgeois.

L’option mac/pc était également séduisante, surtout qu’elle proposait, par l’intermédiaire de fans, une traduction en français. Le jeu ayant eu la mauvaise idée de rester intégralement en anglais. Et pourtant, j’ai pris mes testiboules à deux mains, et je me suis fait l’intégrale de la série dans la langue de Margaret Thatcher, ce qui m’a un peu dérouillé, malgré, parfois, quelques hésitations pesantes. Et une hésitation, face à des zombies, ça ne pardonne pas.

Bon, maintenant qu’on sait pourquoi, comment, dans quelles circonstances et autres compléments circonstanciels, on va quand même vous parler un peu du jeu en lui-même. Son histoire, sa réalisation, son gameplay, son ambiance, etc, etc.

L’histoire

The Walking Dead est un jeu de zombie. Ok ? Jusque là, tout va bien, poursuivons. Ce qui est génial avec le scénario, combiné lui-même avec le style de jeu, plutôt Point’n’click, c’est qu’il nous plonge véritablement dans l’histoire, en tant que protagoniste qui ne comprend rien… car on ne sait rien de plus que Lee, le héros du jeu. Tout commence ainsi : le pauvre type est menotté, dans une voiture de police, répondant (ou pas) au chauffeur qui l’interroge en mode vieux flic gentil mais pas trop non plus. Direct, on est mis dans le bain. Aux dialogues qui s’enchaînent et aux questions qu’il nous pose, nous avons le choix de la réponse, comme dans tout bon RPG ou jeu d’aventure qui se respecte. Mais attention, on se rend rapidement compte que nos réponses (et parfois nos actes) ne demeureront pas sans conséquence. Qui plus est, outre le possible barrage de la langue, il faut, la plupart du temps, répondre avec une certaine rapidité, ce qui dynamise les dialogues. Non, nous ne sommes pas dans un jeu de rôle où ton personnage attend tranquillement, pendant une heure (le temps que tu ailles déposer le bilan dans ton chiotte en or massif, par exemple) pour donner une réponse cruciale à l’avenir du monde : « KEVIN, TU VEUX SAUVER LE MONDE OU PAS » « Donne-moi 5 heures, Bryan ». NON ! Ici, le dialogue, c’est comme dans la vraie vie. Au bout de 4/5 secondes, ton absence de réponse… est considérée comme une absence de réponse, et le scénario se poursuit. D’ailleurs, le silence est vraiment un choix qui, parfois, est tout à fait justifiable dans l’aventure, puisqu’il est même souvent possible de répondre par un simple « … », symbolisant le fait que, bah oui, tu fermes ta bouche. Une sorte de « La Réponse D« , qui n’est pas si inutile que ça, lorsqu’on te pose une question terrible du genre : « tu préfères voir ton père mourir égorgé ou ta mère violée à mort par des dinosaures-robots ? ». Je plaisante un peu, mais, rapidement, le scénario impitoyable de The Walking Dead prend assez aux tripes pour que chaque passage où le jeu attend une réponse de notre part nous provoque des gouttes de sueurs bien froides dans le dos. A chaque choix ses conséquences, et là, elles sont plutôt giga importantes, et dire que les décisions sont difficiles relèvent d’un doux euphémisme.

Improvisation en milieu hostile

Car oui, on se retrouve très vite plongé dans une situation dont on ne comprend rien. Et ne crois pas qu’un gentil narrateur en focalisation externe va venir te raconter le pourquoi du comment avec des petits plans sympa devant une cheminée, un verre de whisky à la main et un pull en tweed sur les épaules. Non, là, on vit la tragédie directe, froide et glacée. A peine le temps de comprendre pourquoi Lee est incarcéré que la voiture heurte une forme humanoïde et fonce dans le décor. L’occasion ensuite de découvrir le « gameplay » du jeu, qui consiste à cliquer (ou toucher, si l’on joue sur iPad ou iPhone) sur certains objets pour interagir avec. On essaye pas de comprendre, on se rend compte qu’on a une jambe blessée, on sort de la voiture tant bien que mal, on découvre le cadavre du flic et là… C’est le début d’une succession d’évènements flippants. Les zombies sont là, il faut fuir, trouver des survivants, sans véritablement chercher à comprendre ce qu’il se passe. De toute façon, la survie ne laisse pas vraiment le temps à la réflexion. Une idée renforcée par ces décisions à prendre, souvent rapides et capitales. Sauver ce mec cool avec toi, ou ce petit enfant ? Cette nana ou ce connard ? En sachant que l’acte en lui-même aura des répercussions sur tout le reste de l’aventure. Autant te dire que la famille dont tu n’auras pas sauvé l’enfant l’aura un peu mauvaise au fur et à mesure de l’aventure et n’hésitera pas à te le ressortir à l’occasion. « Tu vois mec, j’aurais bien aimé te sauver la vie là, mais comme tu as préféré sauver ton pote plutôt que mon fils, et bien je vais te laisser mourir. Bisous ».

Le choix, cet ennemi puissant

L’histoire se poursuit, les rencontres s’enchaînent et, sans spoiler, les disparitions aussi. Quand une personne saine se fait mordre, elle devient zombie. Et avoir une personne vivante, qu’on apprécie, et qui va devenir zombie, dans son groupe, ça rend nerveux. Enfin bref : scénario torturé, personnages attachants, personnages horribles, séquences poignantes, choix impitoyables, tout est là pour faire qu’on ne peut pas lâcher le jeu facilement, et qu’il nous prend aux tripes très rapidement. Alors en effet, l’immersion dépend grandement de la plateforme sur laquelle on teste Walking Dead. Oui, certes. En testant sur 360, les premières minutes et les premières confrontations zombiesques, grand écran et chaîne-hifi en guise de sono, ça fait sursauter. Mais la version iPhone n’a pas trop à rougir. Un bon casque sur les oreilles renforce l’immersion, mais il faut effectivement y jouer chez soi, dans un coin peu éclairé, plutôt que dans les transports. D’autant plus que si l’on quitte le jeu trop longtemps, il faut le relancer à la dernière sauvegarde automatique, et elles ne sont pas légions pour autant. En gros, Walking Dead n’est pas vraiment compatible avec le snack gaming, mais plus sur des moyennes ou longues distances en transport en commun (au moins une petite demi-heure).

Parfait, non, mais…

Des défauts ? Oui, bien sûr. Déjà, nous pourrions débattre sur un point précis : The Walking Dead est-il un jeu, ou pas ? N’est-ce pas plutôt une sorte de film d’animation interactif ? Ouais, c’est sûr, on pourrait en parler… ou bien, on est des grandes personnes et on se regarde dans les yeux et on se dit qu’on se fiche du terme exact. Oui, effectivement, pas de réflexions intenses comme dans un jeu de stratégie, de moments d’action, et même de gros puzzles hardos comme dans les grands point’n’click de l’histoire vidéoludique. Mais finalement, peu importe. The Walking Dead nous prend dans son ambiance et on se fiche bien de savoir ce que c’est exactement. L’animation et les graphismes ne sont pas extraordinaires mais le chara design est assez bien foutu pour retranscrire les émotions sur le visage des différents protagonistes. Les musiques sont rares, mais, comme souvent dans ce genre de soft, elles arrivent au bon moment et sont suffisamment prenantes pour réussir à nous immerger encore plus dans le délire ambiant. Non, pour être honnête, on ne trouve pas vraiment de défauts dans cette expérience vidéoludique. Elle pourra ne pas plaire, il est possible de ne pas accrocher, mais une fois happé par la série, c’est fini. Je regretterai finalement plus la fin, sans spoiler, qui ne change pas vraiment, et qui, à l’inverse du reste du jeu, ne prend pas vraiment en compte nos implications et nos choix tout au long de la partie. J’aurais aimé plus de différences suivant mes actes, et avoir une réelle aventure ne correspondant en rien à celle de mes amis ayant eux-aussi joué à The Walking Dead. C’est un peu cracher dans la soupe, mais il convient de rappeler, malgré toutes les qualités qu’il possède, que l’éventail de possibilités liées aux décisions du joueur n’est pas si large que ça et que des RPG comme Baldur’s Gate, il y a dix ans, proposaient des bouleversements bien plus importants. Va continuer ton aventure alors que deux alliés de ton équipe ne pouvaient pas se saquer et se sont tirer de ta team. Ou que tu te retrouves avec une histoire d’amour et un enfant à porter dans ton inventaire (bien relou de se débarrasser d’armes surpuissantes à cause d’un chiard qui t’alourdit !).

On chipote, certes, mais c’est bien parce que The Walking Dead est une très bonne expérience, et qu’on espère que celle-ci ira plus loin encore, si prochain opus il y a. C’est tout ce que je souhaite en tout cas.

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