PNL – Dans la Légende

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La vie est pleine de surprises. Le genre de surprises qui te font aimer la raclette alors que tu as toujours eu le reblochon en horreur, ou encore celles où tu te mets à faire des sudoku alors que tu n’as jamais pu te poser 3 secondes pour finir tes mots-croisés. Des surprises comme ce genre d’intro d’article complètement pourritos pour trouver une accroche sur un groupe de rap. Bravo.

Bref. Tout ça pour dire que, fervent amateur de musique, plutôt orienté vers le jazz et le funk, j’étais à des années lumières de penser, qu’un jour, je serais happé par un duo comme PNL, rappeurs dont le style devrait, en théorie, me rebuter, et pourtant…

(Les titres des paragraphes sont des paroles de leurs morceaux. Hein. Qu’on dise pas que je dis gros mots après, putain.)

J’suis dans un merdier, un cul d’sac…

PNL, comprendre « Peace n’ lové » (Lové voulant dire fric, et non pas amour, hein, soyons clair), c’est un duo. Deux frères venant de Corbeille Essonne qui racontent leur vie, entre trafic de drogue, mal-être, besoin de mettre leur famille à l’abri des besoins financiers, et volonté de défoncer des petits culs bien rebondis. Voilà pour résumer les principaux sujets traités par nos deux artistes. Ah oui, et sinon, ils sont disque d’or pour leurs deux derniers albums et les millions de vues s’enchaînent sur Youtube, clips après clips.

imageLe dernier album « Dans la Légende »

Je l’avoue, si, dans un premier temps, leur manière de s’exprimer (un mot sur trois que je ne comprends pas, voix ultra auto-tunée artificielle) m’a braqué, j’ai tout de suite été interloqué par la bande son. En effet, derrière leurs grosses voix à la Booba, l’instru est loin d’être dégueue, flirtant avec une sorte d’électro trip-hop assez planant. Le summum est tout de même atteint lorsque l’on découvre leurs clips, réalisés dans de grands espaces, en super méga HD, avec des paysages parfois magnifiques, tout à fait en adéquation avec la zic planante et les voix auto-tunées des deux frangins. Sauf que le lien avec le texte est loin d’être évident.

Petit exemple avec Oh Lala, clip extrait de leur second album, le Monde Chico. Attention, si c’est ta la première fois que tu aperçois PNL, reste assis.

 

J’sors des mots de merde et tu m’payes…

C’est tiré d’une de leur chanson : ils l’avouent. En effet, d’un point de vue littéraire, on ne peut pas dire qu’on surfe sur ce qu’il se fait de mieux dans le paysage de l’expression artistique francophone. Les thèmes sont toujours les mêmes, on retrouve 800 fois les mêmes mots (les ténèbres, la bicrave, Mowgli, la jungle, la cité, la famille, etc) et puis ça ne vole pas très haut, il faut bien l’avouer.

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ET POURTANT.

Derrière tout ça, derrière ce côté un peu gras et brut de décoffrage, il y a un vrai discours qui me semble trancher avec ce que j’avais pu écouter auparavant. On retrouve donc des thèmes comme les difficultés des jeunes des cités, les inégalités, la misère qui faisaient déjà partie des textes de ce que j’ai pu écouter jusqu’alors.. Mais PNL, volontairement ou pas, je n’en sais rien, et finalement je m’en fous, réussi à faire transpirer un autre malaise. Une sorte de véritable dépression, dans le sens où les mecs, sans se plaindre toutes les 30 secondes, ne font pas que dépeindre un univers morose, mais plutôt une façon de le voir qui est tout aussi sombre. Et c’est peut-être dans ce regard désabusé, ténébreux et peut-être même, allez, osons le dire, romantique (au sens littéraire du terme), que se trouve tout l’intérêt du duo.

J’aime les choses simples comme ton cul sur ma bite

Finalement, et je pense que c’est de là que PNL tient son succès, les deux frangins réussissent un grand écart intelligent qui séduit les amateurs habituels de rap, mais également les types comme moi, moins sensibles à ce genre musical, mais qui retrouverons d’autres éléments d’intérêt. La mélancolie du groupe et le fait qu’on s’attache aux deux gars, la musique tripante qui l’accompagne en sont quelques exemples, tout comme les références à la culture pop. Cette dernière est d’ailleurs omniprésente : références à des personnages de Disney, à des mangas comme GTO ou Dragon Ball ou encore des jeux vidéo comme Zelda ou Street Fighter. En les incorporant de façon naturelle à leur textes, PNL ne se décrédibilise pas, au contraire, il se rend accessible, tout en restant opaque sur d’autres points, notamment pour ceux qui ne connaissent pas forcément toutes les « subtilités » de leur langage.

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Mieux encore, certains passages où les sonorités l’emportent parfois sur le sens, ou bien encore lorsque les tentatives de jouer avec les mots, bien que parfois maladroites, relèvent presque de l’expérimentation, ne sont pas sans rappeler certains poètes contemporains. Peut-être est-ce là le secret du large succès de PNL qui réussit à séduire plusieurs secteurs à la fois, du bobo Parisien au jeune de banlieue en passant par la ménagère de moins de 50 ans (enfin peut-être pas quand même).

Alors oui, soyons francs, à la première écoute, je me suis dit que c’était de la merde. Mais petit à petit je me suis habitué à eux. Certains morceaux du dernier album m’accrochent complètement, notamment Tu Sais Pas, qui pour moi est une vraie réussite en terme de texte, de rythme et d’instru. L’évolution musicale entre le précédent album, Le Monde Chico, et le dernier, Dans la Légende, est bien réelle, avec de vraies constructions mélodiques, rythmiques, des polyphonies intéressantes qui, sans être révolutionnaires, rendent le tout agréable et plus complexe qu’il n’y parait au premier abord.

Toi ferme ta gueule, toi ferme ta gueule

Je vais donc fermer ma gueule, effectivement, car j’ai bien l’impression que PNL, on aime ou on déteste. J’ai longtemps été à cheval entre ces deux états, mais je peux dire désormais que j’apprécie vraiment ce groupe, le dernier album ayant concrétisé, à mes yeux (enfin, à mes oreilles) mes attentes.

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Le reste ne s’explique pas, il s’écoute.

 

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