Chapitre 6

Je m’appelle Marie Salvino, j’ai 15 ans depuis quelques jours, et je me trouve quand même super mignonne ! Devant le miroir de ma chambre, en sous-vêtements, je me regarde et me dandine avec un petit sourire. Cela va faire un an et demi que j’ai ces formes et que je suis vraiment une femme, et ce n’est pas pour me déplaire ! Je pense que je n’aurai jamais de courbes spectaculaires, mais on peut dire que je suis assez bien foutue tout de même ! Mes longs cheveux verts tombent jusqu’à mes épaules et continuent derrière mon dos. Sinople selon le coiffeur, du moins en hiver, et l’été, ils prennent une couleur prairie voire pomme, mais je préfère résumer et dire qu’ils sont émeraudes, c’est beaucoup plus classe ! Je préfère les attacher 90 % du temps en une queue de cheval, cela fait ressortir mes yeux, noirs de chez noirs. Allez, trêve de narcissisme, enfilons donc ce t-shirt et ce jean délavé, ou on pourrait commencer à croire que je suis superficielle ! J’habite à Colina depuis que je suis bébé. C’est un petit village niché dans les montagnes, au nord de Kanto. Il y fait bon vivre, même si je trouve l’endroit un peu paumé depuis que je suis adolescente. Heureusement, les grandes villes ne sont pas loin. Même si Céladopole ou Néon-City sont plus proches, je suis tombée amoureuse de Jadielle où je vais régulièrement. J’y ai pas mal d’amis qui y habitent, mais il faut dire que ces derniers temps, j’y vais moins. Voilà plusieurs mois que j’ai quitté mon ex petit ami, un vrai bourrin… Je ne suis pas du genre à éviter une ville à cause de quelqu’un, mais certains coins de rue, certaines places et certains endroits m’évoquent trop de souvenir. Je n’aime pas trop évoquer Fred, il m’a fait assez de mal comme ça, et je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort. J’ai la chance d’avoir perdu ma virginité avant lui, avec un vieil ami du village, plus par plaisanterie que par réelle passion. Mais je ne regrette rien, même si je n’en ai parlé qu’à quelques amies… Les gens de Colina sont gentils, mais parfois un peu obtus et pas très compréhensifs avec les égarements de la jeunesse ! Quant à ma mère, même si elle se doute bien que je ne suis plus une petite fille depuis belle lurette, j’ai depuis longtemps décidé de ne pas l’ennuyer avec mes histoires de cœur. J’ai géré ma séparation comme une grande, connu quelques amourettes éparses avant et après cette ‘‘longue’’ période où j’étais en couple, mais il est hors de question de parler de mes aventures sentimentales à ma petite maman. Elle souffre déjà bien trop pour ça.

Bon, j’ai dit que je n’aimais pas me lamenter, mais avant de décrire ma vie plus en détail, il va bien falloir que je parle de quelques éléments loin d’être joyeux. J’essaie de faire avec, et d’aucuns disent que je suis courageuse pour mon âge. La vérité, c’est que je n’ai connu que ça et que je n’ai pas le choix. Mon père était alcoolique, et il est parti du domicile familiale depuis bientôt deux ans. C’était un abruti notoire et je ne souffre pas vraiment de son absence. Par contre, c’est plus difficile à gérer pour ma mère qui est atteinte d’une maladie incurable. Depuis quelques années, et le départ de mon père n’a fait qu’accélérer le processus, sa santé se dégrade de plus en plus vite. Ma tante, qui vit près de chez nous, vient régulièrement l’aider, et ma mère est une femme très forte qui cache courageusement sa maladie. Mais c’est difficile de dormir sur ses deux oreilles quand on voit les traces de sang qu’elle a oublié de nettoyer dans l’évier, que je l’entends trébucher et se retenir fébrilement à un mur, puis se maudire en riant de sa maladresse, tandis que je vois de grosses goûtes de sueur parcourir son front. Le plus dur dans l’histoire, c’est qu’elle fait le forcing auprès de moi pour que je quitte la maison, pour que je trouve un petit studio. « Eclate-toi, quitte ce village moisi ! Va te prendre un appart sur Jadielle, tu adores cette ville ! Je te paierai le loyer, ta vie est en ville, tu te trouveras un ptit boulot et tu commenceras le lycée là-bas ! ».

Voilà pourquoi je m’habille avec hésitation ce matin. Voilà pourquoi je mets du temps à faire ma valise et mon sac. J’ai trouvé un petit studio à Jadielle, j’ai rempli les formulaires d’inscription au Lycée, étant donnée que je rentre en seconde dès Septembre… Il ne me reste qu’à partir de chez moi, mais ce n’est pas facile.

1 comment

Leave a comment