Tryo – Né Quelque Part

Tryo

Une longue descente

Au cours de ma critique du précédent album de Tryo, Ladilafé, je vous avais fait part de mon enthousiasme faiblissant pour le groupe, amorcé depuis Ce que l’on sème, l’avant dernier album. J’avais l’impression que depuis Grain de Sable, mon préféré, les quatre musiciens sombraient peu à peu dans quelque chose qui ne me plaisait plus. Tempérons ces propos, puisque de très belles pépites brillaient tout de même, avec parfois beaucoup d’intensité, comme Poussière d’Étoile ou encore Pas Banal.

 

Planant et poétique, « Poussière d’étoile » est un de mes morceaux préférés

Reprises inspirées

Partant de ce constat, j’ai donc approché Né Quelque Part, sixième album (je ne compte pas les lives) avec beaucoup de scepticisme.

C’est alors que j’ai compris qu’il ne s’agissait pas de compos, mais de reprises de chansons françaises, réinterprétées par Tryo. Ah. Et bah, pourquoi pas ? Une sorte de pause créative en quelques sorte ?

Bon, à première vue, la liste des morceaux choisis ne provoque pas en moi une immense érection, mais certains ont le dont d’attiser ma curiosité, notamment Bidonville dont j’avais pu voir, il y a bien longtemps, un petit extrait interprété par Manu Eveno, pour un fan. À l’écoute, certaines chansons ne sont pas folichonnes, malgré quelques prises de risques, comme La Corrida, de Francis Cabrel, dans une version reggae, par un Guizmo pas vraiment au sommet de sa forme. C’est sur d’autres reprises que la magie – car il s’agit bien d’une légère magie – opère, comme Né Quelque Part (Maxime Le Forestier) ou Victime de la Mode (MC Solaar). Pourquoi ? Et bien parce qu’en choisissant de s’approprier des titres qui ne sont pas les leurs, les p’tits gars de Tryo retournent aux sources du bon vieux reggae acoustique qu’on leur connait tant. Et on a presque l’impression que cette « couleur Tryo » qui transpire dans presque tout l’album est quasiment indépendante de la volonté du groupe. Un peu comme si, en oubliant l’aspect compo, message, paroles, et tout le tralala, nos quatre artistes s’étaient retrouvés tous nus, face à ce qu’ils sont : un (très) bon groupe de reggae. Du coup, et c’est paradoxal, jouer des chansons d’autres artistes les met en avant, d’une manière assez inattendue.

 

Un bon rythme, des chœurs maîtrisés : le kiff

Une bonne surprise

Oui, je confirme le titre de ce paragraphe : Né quelque part est vraiment une bonne surprise ! Tryo revient aux fondamentaux et prouve même que le groupe a mûrit, dans le bon sens du terme. Les chœurs sont maîtrisés, l’orchestration aussi et l’on se retrouve avec la substantifique moelle de Mamagubida, leur incroyable premier album, sans les errances inhérentes au live, notamment les quelques couacs vocaux et la relative pauvreté de l’accompagnement musical. Je mentirai en disant que je saute au plafond, car l’album n’est pas non plus exceptionnel, mais cette agréable surprise me redonne foi en un groupe que j’ai vraiment adoré à la fin de mon adolescence, et qui ne quitte jamais totalement ma playlist lorsque je visse mes écouteurs sur mon crâne. De là à croire qu’il s’agit d’une belle promesse pour le prochain album (un album de compo cette fois j’espère), il n’y a qu’un pas.

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