Je suis face à deux principes qui n’ont rien à voir.

Le rap, et l’art moderne.

Dans les deux cas, je ne comprends pas. Et pourtant, tu vois, je ne suis pas rebuté d’office.

Par exemple, si on prend l’espèce de tableau bizarre en haut. Bah les couleurs sont jolies, les formes rigolotes. Ca attire l’oeil. Ouais. Ca s’arrête là. Je fais la même chose sur Facebook, mais je le fais en déconnant.

Pareil pour le rap. Écouter un flow bien rythmé d’un rappeur, sur un fond plutôt sympa, ça m’interpelle deux secondes. Ensuite, quand je me rends compte que le sample tourne en boucle toutes les 10 secondes, j’ai envie de passer à autre chose.

Dans un cas, je ne connais rien à la peinture, dans l’autre, je pense m’y connaître un peu plus en musique. Je n’ai rien contre bouleverser les codes, aller au delà des conventions. Mais quand on les oublie complètement, où est l’intérêt ?

Tiens, je m’imagine en train de faire un match de basket. Et soudain, t’as un mec qui arrive sur le terrain, qui prend le ballon sans dribbler, qui bouscule tout le monde comme au rugby et qui met un panier en faisant un super saut de ouf. C’est impressionnant, c’est différent, mais ce n’est plus du basket. Pour moi, le rap et l’art moderne, c’est la même chose. Ton truc est sympa, mais ce n’est pas de la musique, pas de la peinture.

On pourrait même aller plus loin, et dire que le mec qui fait du basket (si on continue la métaphore) est capable de faire ce que fait le nouveau venu, mais pas l’inverse. La plupart des bon jazzmen, chanteurs ou instrumentistes, peuvent rapper ou faire un morceau de rap, tout comme un vrai peintre pourra te dessiner trois cubes roses sur un fond fuchsia. L’inverse me parait plus compliqué.

Faut-il dénigrer cet art pour autant ? Seul, non dilué, j’ai beau tenter de m’y intéresser depuis des années, de chercher quelque chose à l’intérieur, une substantifique moelle à cette bouse picturale ou sonore, je n’y arrive pas. Alors certes, j’ai écouté du IAM quand j’étais jeune, j’aimais bien, surtout pour le texte et parce que les instrus piquaient pas trop. Certes, j’ai déjà regardé tel ou tel tableau chelou en plongeant soudainement dans l’univers, avant d’en ressortir aussitôt.

J’ai beau m’accrocher, je n’y arrive pas. Pire, je ne trouve pas, objectivement, de fondement spécifique si le sujet est complètement seul. Par contre, saupoudré sur quelque chose d’autre, il prend tout son sens. Une partie rappée sur un morceau funky, avec une vraie instru derrière, et là, je me touche avec les deux mains. Pareil si on retrouve une partie instru soul ou funk derrière (d’où mon kiff pour des groupes comme Hocus Pocus). Ou bien un dessin de Lucas Suppin sur mon rouleau de PQ, là, je trouve ça rigolo.

La comparaison pourrait s’étendre à d’autres formes d’arts musicaux. Par exemple, certaines catégories de Death Metal, dès lors que les mecs se contentent de plaquer un accord et de hurler avec une voix de mamie qui a perdu 8 octaves. Where’s the interest man ?

Mais d’un autre côté. Si toutes ces choses n’existaient pas, je ne pourrais pas chier dessus. Et elles ont le mérite d’être…

Ou pas.