Role Playing Quoi ?
C’est dingue, mais là, tout de suite, si je devais donner trois des jeux qui m’ont le plus marqué, je dirai, sans hésiter (mais attention, c’est pris sur le coup, un peu comme si j’étais interviewé par mon propre blog, nu dans ma baignoire) : Secret of Mana, Deus Ex, et Baldur’s Gate II.
Note bien le dernier titre d’ailleurs, tu vas en avoir besoin par la suite pour comprendre avec intellectualité pourquoi je reviens sur ce jeu ancien (les vrais GAMEUUUURZ auront compris depuis longtemps).
Je suis le roi des parenthèses aujourd’hui, et je vois qu’à peine commencé, je m’écarte déjà mille fois du sujet. Je vais tacher de reprendre le fil. Bref, dans ces trois jeux appréciés au plus haut point, il y a un point commun : je ne les connaissais ni d’Ève ni d’Adam avant d’y jouer. J’étais vierge de tout RPG, voire même de jeu d’aventure avant de commencer Secret of Mana, j’ai vu la jaquette, j’ai eu le sentiment d’une aventure et d’un voyage immense, et mamie me l’a acheté. Quelques années plus tard, mon ami (et amant) Richard FortOne me filait une copie piratée de Deus Ex et je découvrais le jeu sans en avoir entendu parlé avant. Pareil pour Baldur’s Gate II, je m’étais lancé dans l’aventure sans avoir joué au premier opus, et je me suis fait violer le vidéoludisme comme jamais avant.
Parlons-en, donc, de Baldur’s Gate II. Un RPG occidental (comprends par là, non pas européen, mais non-japonais) immense, reprenant l’univers et les règles du jeu de rôle « Donjons et Dragons ». Outre l’histoire, on retenait surtout l’univers, immense et incroyablement complexe, qui donnait l’impression d’arriver dans un monde incroyablement bien foutu. Je me souviens encore du petit livret contenant tous les sorts que pouvaient apprendre les Mages ou les Sorciers dans le jeu. Il était d’une épaisseur à faire pâlir Loana. Bref, pour moi, Baldur’s Gate II s’est rapidement imposé comme LA référence du RPG occidental. Peut-être même un peu trop, car j’ai eu beaucoup de mal avec d’autres titres, que je trouvais trop différents. Finalement, seules les suites « officielles », ou du moins reprenant l’univers, comme Neverwinter Nights, trouvèrent grâce à mes yeux, dans ce domaine.
Et c’est là qu’arrive Dragon Age
Et bien oui, car je l’ai entendu dire, ça, que c’était l’héritier de Baldur’s ce jeu. Mais faute de temps et d’envie, je ne m’y suis plongé que très récemment, grâce à mon super gentil voisin qui me l’a prêté pour une durée trèèèèès longue. Merci à lui.
Soyons clair, si, par beaucoup d’aspects, Dragon Age flaire un peu BG II, il s’en différencie quand même énormément. Tout simplement, en premier lieu, en raison de la création d’un univers totalement différent. Petite tristesse de ne pouvoir retrouver le monde des Royaumes Oubliés, mais plaisir de découvrir la région de Férelden et la gestion géo-politico-économico-racio-fantaisique du monde. C’est toujours un truc que je regarde en premier dans les RPG’s ou jeux assimilés « héroïc fantasy »… la gestion de la crédibilité de leur univers. Par exemple, voir des elfes avec des moustaches dans World of Warcraft me donne envie de me pendre avec le fil de ma souris… enfin, si nous étions encore en 2002 et que j’eusse encore une souris à fil.
L’univers de Dragon Age est différent de celui de Donjons et Dragons, mais on peut dire qu’il s’en inspire beaucoup. Disons que c’est une version super simplifiée. Et c’est d’ailleurs là le premier goût amer dans ma bouche de GAMEUUUURZ (je vais arrêter, promis) : l’impression de jouer à une version light de Baldur’s Gate II. Déjà avec Neverwinter Nights, beaucoup d’écarts avaient été fait. Par exemple, j’avais enfin réussi à faire un Elfe qui soit Moine, une véritable hérésie à l’époque de BG II, le moine ne pouvant être qu’un humain. Dans Dragon Age, c’est encore plus simple. Finit le choix entre moults races, telles que gnome, elfe, demi-elfe, humain, demi-orc, nain, semi-homme… Ici, tu choisis entre Nain, Elfe et Humain. Tu choisis ensuite ta classe, et là encore, si tu est un vrai, tu pleurs un peu. Finis les spécialisations spécialement spécialisantes, même si on peut tout de même gagner un peu en précision au fur et à mesure de l’aventure. Guerrier, Voleur, Mage… voilà les trois grandes classes proposées, avec des différences qui viendront plus tard et qui rappellent tout de même de bons souvenirs, notamment lorsqu’on voit les différentes catégories de magies des mages.
Passons les détails, venons-en au fait. Le jeu ! Et bien, déjà, il n’est pas très joli. Les personnages sont plutôt moche, les décors sont pas vraiment terribles… mais on s’en fou, on est des rôlistes de ouf, et c’est largement suffisant. On laisse la part à l’imagination et quand on rencontre dix personnages différents avec la même voix et le même visage, on arrive à faire abstraction.
Le scénario, quant à lui, arrive à bien nous faire plonger dans l’ambiance, d’autant plus que les histoires sont largement différentes (du moins leur début) suivant le héros qu’on a choisi. L’humain Noble ne connaîtra pas du tout la même histoire que le pauvre Elfe qui vit dans les quartiers bidonvilles de la cité principale, ou que le mage cloîtré dans sa tour. Bref, on apprend rapidement que le monde est en proie est à un danger récurrent : la survenue des engeances, des espèces de morts vivants qui viennent détruire le monde, à commencer par la région de Férelden que nous découvrirons au fil de l’aventure. Nous, on devient, un peu par la force des choses, un Garde des Ombres… une sorte d’ordre secret, seul capable d’arrêter les engeances (bah voyons…)
Tiens, si j’allais sauver le monde aujourd’hui ?
C’est pas comme si c’était la première fois, dans un jeu vidéo, qu’on allait parcourir le monde avec une poignée d’autres gus pour sauver la veuve et l’orphelin. Alors disons que, faute d’originalité, l’univers cohérent et les différents documents qu’on trouve et qui complètent notre codex (sorte d’encyclopédie de l’univers du jeu) arrivent à rendre le soft non seulement crédible, mais en plus très attirant. Le profil du héros, son alignement (qu’il soit bon, mauvais ou méchant) et ses dialogues influent également sur le déroulement du jeu… enfin, surtout sur la réaction de ses camarades. Là encore, c’est une esquisse par rapport à ce qu’il était possible de faire sur Baldur’s Gate II, où il fallait parfois calmer les ardeurs des membres de notre propre équipe, lorsque ceux-ci ne pouvaient pas se saquer.
Ici, on les entend un peu se parler, mais ça n’interfère pas dans le déroulement de l’histoire. Cependant, même s’ils sont moches, les héros sont attachants, enfin certains… et on se plait à développer les relations avec eux, au moyen de dialogues à choix multiples plutôt bien fichus. Bien entendu, suivant qu’on ait un vrai bourrin, ou un mec avec beaucoup de Ruse, comme moi, la possibilité offerte lors des réponses possibles du héros augmentent. Autant dire qu’avec un petit malin comme mon avatar, j’ai pu éviter bon nombre de combat en jouant de ruse ou de persuasion.
Heureusement, parce que les combats…
…sont meilleurs sur PC que sur XBox… A ce qu’on dit, hein… Moi, j’ai joué sur 360 et effectivement, le menu déroulant n’est pas grandiose et, surtout, on a pas vraiment la possibilité de mettre le jeu en pause et de donner des consignes très précises à son équipe. Bref, au bout d’un moment, j’ai lâché le côté tactique pourritos que je n’arrivais pas vraiment à gérer, et j’ai mis le jeu en mode facile (je n’ai pas honte de le dire). Les combats n’étaient, de toute façon, pas aussi tactique et technique que sur Baldur’s Gate II, les classes, les sortilèges et autres bottes secrètes étant bien moins nombreux (mais là, je me répète).
Bref, les combats ne sont pas le point fort du jeu, même si on notera des animations plutôt rigolotes lors des mises à morts de certains monstres (tranchage de gorge de dragon, décapitation d’engeance, gangbang interracial avec ta maman, etc.)
On revient donc volontiers à l’histoire, aux dialogues, à la découverte du jeu et au voyage…
Car on voyage, ça, c’est sûr, et à notre rythme. Le quidam lambda sera peut-être impressionné par la richesse et les possibilités offertes, mais quelqu’un qui, comme moi, à saigné, à l’époque, BG II ou Neverwinter Night sera parfois plus frustré que surpris. Dommage, car le jeu propose tout de même une très belle aventure et est quand même, d’un niveau relativement bon. Ajoutons à cela qu’il est long, parfois drôle, qu’on retrouve plusieurs débuts et plusieurs fins possibles, suivants le personnage et les décisions qu’on a prise, et on obtient un, non pas excellent, mais très bon RPG occidental.
La métaphore qui me vient alors, pour conclure ce test, est celle de l’entrecôte à Hippopotamus. Bioware est au RPG ce qu’Hippopo est à la viande. Tu sais qu’elle va être de qualité, mais elle ne transcende pas forcément. Là, j’ai pris du plaisir à la bouffer, mais j’avais déjà mangé un truc encore meilleur avant. Le fumé m’a rappelé de bons souvenirs, et a réveillé en moi une certaine nostalgie…
Mais j’ai bien mangé quand même.