Si, pour moi, 2012 a été une année assez pauvre en terme de lecture (un comble pour un bibliothécaire), 2013 s’annonce bien meilleure. En effet, j’ai déjà terminé un bouquin et celui-ci m’a réconcilié avec la lecture, ce qui n’était pas chose aisée. Un grand merci à Jean Teulé donc, et son agréable bouquin : Le Magasin des Suicides.
L’ambiance générale ? Un futur plus ou moins proche, gris et quasi post apocalyptique. Mais ça, on l’apprend progressivement. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’auteur se focalise tout d’abord sur une petite boutique de quartier et le train-train de tous les jours de ses propriétaires, la famille Tuvache. Ce n’est qu’au fur et à mesure du récit que le lecteur perçoit, de plus en plus clairement, le monde dans lequel prend place le scénario, à savoir une planète en proie à la morosité, les dérèglements climatiques et ayant apparemment subit de grave crises écologiques et économiques. Un univers où le magasin en question marche extrêmement bien puisqu’il est spécialisé dans…. le suicide, comme l’indique le titre du roman, ce qui est giga dingue.
Ironique et usant de descriptions détaillées et comico-morbides (Famille Adams Style), le bouquin nous présente un magasin qui regorge d’instruments inventifs pour permettre aux clients d’en finir avec leurs jours, le tout avec originalité et/ou panache. Les parents Tuvache gèrent leur boutique en véritables professionnels, confectionnant leurs produits avec un grand savoir faire. Leurs trois enfants les aide autant que possible : l’aîné étant une sorte d’artiste dépressif, la fille tout aussi dérangée, mais qui va, peu à peu, user de ses charmes pour proposer une mort très romantique aux clients du magasin… seul le petit dernier de la famille dénote avec l’ambiance générale puisqu’il s’agit d’un optimiste enjoué, qui tranche complètement avec le reste des Tuvache.
Voilà d’ailleurs le véritable pitch du bouquin, puisque le petit Alan va rendre la vie compliquée à ses parents, en raison de sa bonne humeur qui influe parfois sur eux et parfois, plus grave, sur des clients. Et un client de bonne humeur, ça n’achète pas grand chose au magasin des suicides !
Alors, pour être concis, ce livre se déguste rapidement et avec plaisir. On sent que Jean Teulé a pris également beaucoup de plaisir à rentrer dans les détails des différents produits vendus dans le magasin et leur plus ou moins grande originalité. Les personnages sont assez détaillés, plutôt attachants et l’on notera aussi la critique très indirecte mais sensible, d’une société qui s’est perdue, d’un monde délabré et pourri, dans tous les sens du terme, où pourtant, il subsiste quelque chose de joyeux. A aucun moment le livre ne devient grave ou moraliste, et c’est bien en ça qu’il est agréable à lire. On regrettera peut-être justement cette légèreté et le fait que certains passages soient trop « faciles » et pas assez détaillés. Dommage aussi que certains personnages soient moins profonds que d’autres et que l’on sente que l’auteur se fasse tellement plaisir parfois, qu’il en bâcle un peu son travail.
Quant à la fin, je ne vais pas vous spoiler, mais pour moi, elle a au moins deux interprétations, dont l’une est, extrêmement pessimiste, mais tout bonnement géniale. On en discute dans les commentaires si tu es sage.
Bref, une petite lecture que je vous recommande, en ces temps froids et neigeux.