Une histoire de mots

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Parfois, la vie semble écrite. Ou du moins, il semble qu’elle nous enseigne quelque chose. Une anecdote, une histoire, une morale… voilà bien des choses auxquelles nous assistons quelques fois, comme des spectateurs de la life. Oui. La life.

Laissez-moi vous conter une histoire d’amour.

Introduction : Espièglerie et maladresse comme point de départ

C’est un coup d’œil un peu trop appuyé envers une jolie demoiselle, dans les rues de Paris, qui m’a valu une remontrance mi-amusée mi-molette de la part de Mademoiselle. Remontrance maladroite qui fit voltiger Johnny dans les airs.

Patratra, Johnny, mon smartphone, est fissuré comme ta mère

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Aïeuuuuh !

Cependant, Johnny était assuré tout risque. Après un tour dans un Espace SFR, me voilà avec un mobile de prêt. Je m’attendais à quelque chose de stylé… Me voilà avec un Samsung à slider déjà tout usé.

Mais ainsi va la vie.

Voilà à peu près mon modèle

Lors d’un long voyage en TER, pour passer le temps, j’observe en détail le contenu du mobile. J’y trouve deux MMS photos reçu d’une demoiselle, mais les sms, quant à eux, ont été effacés. Du moins, ceux de la boîte de réception, car les messages envoyés sont toujours présent. Un peu excité à l’idée de découvrir la vie de l’ancien propriétaire de ce portable de prêt, je les ouvre. Je ne m’attendais pas à ça : La découverte d’une histoire. Une histoire d’amour. Une histoire à deux voix, sans la seconde. Une correspondance dans un seul sens…

Elle commence fin Août…

Ouiiiiiiiiii !

Chapitre 1 : Loin des yeux près du coeur

Il est dans le sud de la France, fait de la plongée avec ses amis. Elle est à Lyon et l’attend. Ils s’envoient des mots doux. Impossible de savoir comment ils se sont connus. Il écrit bien, ne tombe pas dans le piège du style trop « texto », et déjà, il me parait sympathique. Il ne dit jamais « je t’aime », mais il semble sincère. Il se veut rassurant, mais on le sent, lui aussi, angoissé. Ce petit embryon d’amour a déjà vécu, mais il me parait encore bien jeune, quelques mois, tout au plus. Il tente de trouver des solutions pour aller la rejoindre. Il pense au covoiturage. Il est motivé. Il ne dit pas « je t’aime », mais il semble attaché à elle, quitte à faire beaucoup de route avec un inconnu. Ombre au tableau, l’argent semble lui manquer. C’est d’ailleurs pour ça qu’il ne prend pas le train. Notez bien cet élément, il sera important par la suite. Les sms s’enchaînent. Ils se manquent l’un et l’autre. Il a besoin de ses bras. C’est beau. C’est touchant. Il compte les jours. Elle lui envoie une photo d’elle. Il prend enfin la voiture. L’histoire débute.

Encore plus trognon

Chapitre 2 : La page blanche

Finalement, ils se rejoignent.  Les derniers textos envoyés sont pour l’informer d’un petit retard dus aux embouteillages. Ils sont ensemble : plus aucun texto pendant plusieurs jours. Ce passage de leur histoire s’imagine. Seule une petite photo d’eux est retrouvée dans les tréfonds du téléphone. Par correction, je ne la mettrai pas en ligne. Ils sont sur la place Bellecour, à Lyon, les bras dans les bras. Ils sont mignons.

Chapitre 3 : Les difficultés

Mais les meilleures choses ont une fin. Chacun rentre chez soi. Elle, à Bordeaux, lui, en Région Parisienne. Il semble bosser sur la Défense. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi nous sommes allé tous les deux dans le même espace SFR et que je me retrouve avec son portable.  Ils ont passé de bons moments ensembles, mais n’en parlent pas beaucoup. J’aime leur retenue.  Le retour à la réalité semble difficile pour lui. Il commence à déprimer. Son boulot se passe mal. Il a prévu de retourner la voir, à Bordeaux, mais ses congés sont refusés. Il avait fait un prêt à ses parents qui lui demandent un remboursement dans les plus brefs délais. Bref, il ne s’en sort pas. Ses textos sont de plus en plus tristes. J’imagine ce qu’elle lui répond. Des encouragements, un soutien fragile, à plusieurs kilomètres de distance. Il semble touché, mais pas assez… Il n’a pas l’argent nécessaire pour aller la rejoindre pour ce week-end qu’ils avaient prévu.

Conclusion

Mon TER entre en gare. Je tombe sur le dernier sms. Il est long, bien écrit mais certaines coquilles grossières, qu’on ne retrouvait pas avant, me font penser à une profonde émotion. Pourtant, le mec a définitivement le mauvais rôle, celui d’un type qui abandonne ; celui qui met fin à la relation. Bref, le salaud. « Je préfère que l’on mette fin à notre relation maintenant » Je vous laisse imaginer le reste du texto, triste mais résolu.

Pourquoiiiiiiii ?

Le TER arrive en gare Saint Lazare, je place le téléphone dans ma poche. L’histoire est terminée, dans tous les sens du terme. Étonnant. Étonnant d’être tombé sur ce portable. Étonnant d’y avoir trouvé cette histoire. Étonnant que celle-ci soit pratiquement complète, avec un début, un milieu, et une fin, triste. Un petit vide s’est créé en moi. Une petite tristesse aussi. Chacun aura son idée sur le profil des deux amoureux, de toute façon, nous n’avons pas assez d’infos pour en savoir assez sur eux et encore moins pour les juger.

J’ai aimé m’immiscer dans la vie de ces gens, de façon discrète et pudique, sans en savoir beaucoup. C’était un moyen de partager un peu leur histoire, de se rappeler la mienne et de me dire que partout dans le monde, tous les jours, des gens vivent des joies, et des peines, et que c’est ce qui fait que la terre tourne. Découvrir ce petit moment de vie m’a rappelé que nous sommes tous des humains, avec nos forces et nos faiblesses, même si nous paraissons des étrangers aux yeux les uns des autres.

Ça vous paraitra stupide peut-être, mais moi, cette histoire m’a fait du bien.


2 Comments

  1. Sheily novembre 5, 2013 4:10  

    Pas stupide du tout. C’est fou de tomber sur une histoire d’amour de cette manière ! Cela mériterait presque un livre ;-)!

  2. dylan55102 novembre 10, 2013 6:25  

    En lisant ton article j’ai eu un sourire tous du long, pourquoi ? Simplement parce qu’il m’est arrivé à peu de chose près la même chose qu’à ce type donc en un sens je comprend ce qu’il ressens 🙂

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