Qu’est-ce qui peut se passer dans la tête du mec qui regarde sa bibliothèque perso et qui se dit « tiens, je vais lire les Lettres de mon moulin». Tu sais, le même mec qui est soit-disant bibliothécaire, soit disant maître en Lettres Modernes mais qui lit un livre tous les 18 siècles. Il doit certainement se dire « hey, c’est un classique, mais je l’ai pas lu, ou alors au collège, et puis ça n’a pas l’air bien long, lisons-le».
Et il le lut.
Prenons les choses de façon transversale. C’est à dire, pas frontale. Comme si je t’attaquais sur le côté et que tu t’attendais à ce que je t’attaque par devant (on ferait de l’escrime mais on serait amis en vrai). Hop, Alphonse Daudet, je ne te connais ni d’Eve ni d’Adam, je sais vaguement que tu as vécu au 19ème siècle, que tu as été édité par Hetzel, parce que ce mec a édité Jules Verne et que Jules, je connais un peu. Tu as aussi écris Le Petit Chose un des bouquins les plus tristes qu’il m’ait été permis de lire. Enfin, je l’ai lu qu’à moitié, voire même que le début (je m’en souviens pas punaise, j’étais si jeune et innocent, laissez-moi tranquille), parce que c’était trop, trop, trop triste. Genre triste, comme si on t’offrait un perroquet et que tu l’oublies dans ton déménagement et que le perroquet tu te dis qu’il est mort oublié alors que c’était ton super ami. MERCI ALPHONSE.
Les lettres de mon moulin… ce sont des lettres écrites dans un moulin. Je ne peux pas être plus explicite hein ? Bon… Si ? Ok. Alphonse Daudet, qui a l’air d’être un brin voyageur, emménage dans un moulin en Provence. Voilà. De là, il apprend moults légendes, histoires et anecdotes du pays et nous fait parfois voyager au-delà, puisque certaines histoires se déroulent en Corse et d’autres en Algérie. C’est bizarre mais en lisant ce bouquin, je me suis rappelé ma jeunesse, quand je regardais « La Gloire de mon Père » avec ma classe sur la vieille télé du collège et que la voix off parlait avec l’accent du sud… et que je trouvais ça super pourri. Là, c’est pareil, sauf que je trouve plus ça pourri. Le livre me rappelle mes cours de collège, car tout se lit assez facilement et j’imagine à chaque page des petites fiches de lecture à faire, et puis on baigne dans l’ambiance de la Provence, les cigales, le beau temps et l’accent chantant des autochtones. Le tout, renforcé par le fait que parfois, le narrateur number one, Daudet lui-même, n’hésite pas à faire parler un pote qui lui raconte l’histoire, ou qui raconte l’histoire qu’on lui a raconté, ou qui raconte une histoire qu’on lui aurait raconté par rapport à une légende qui parlerait d’une autre légende. Bref, on baigne dans les légendes régionales, mixées à des histoires beaucoup plus terre à terre et actuelles (enfin pour l’époque, puisque le bouquin date du XIXème siècle, si jamais tu ne le savais pas), le tout dans une ambiance plaisante et un style agréable à lire.
Agréable à lire, oui Perséphone, tu m’as bien entendu. Enfin bien lu, plutôt. Car les histoires sont courtes, originales, plutôt drôles, et certaines sont tout de même assez connues. Tu vas me dire que tu ne connais pas l’histoire de la Chèvre de Monsieur Seguin ? La biquette qui voulait aller goûter l’herbe en haut de la montagne, au grand damne de son berger qui voulait la garder en sûreté dans son enclos ? Et qui se fait bouffer par le loup à la fin ?
SPOILEEEEEEEEEEEER ALERT.
Putain, je vous ai spoilé Alphonse Daudet, sorry.
Bon, et sinon, bah voilà une petite lecture de chevet fort sympathique. Un classique que je n’avais pas lu, ou bien dont je ne me souvenais plus, qui apporte un peu de soleil au milieu de ce temps étrange, froid et neigeux.
Amen.