Cela fait très longtemps que je n’ai pas parlé littérature, et il est vrai que c’est en grande partie en raison d’une chose simple : je ne lis plus rien en ce moment. Quand je dis rien, c’est rien. On oublie les mangas et les bandes-dessinées, les magazines et les articles des Internets, mais en livre, bouquin, livre de poche, c’est nada, depuis Comédie Musicale, de Hervé Hammon. Du coup, j’ai envie de vous parler d’un bouquin que j’ai lu il y a maintenant pas mal de temps, à l’époque de la fac, des cheveux longs et des années bisextiles : Lolita, de Vladimir Nabokov.
On se regarde dans le blanc des yeux, on se connait, tu sais que ce que j’aime, ce sont les artistes qui arrivent à trouver le juste milieu. Par exemple, quand un chanteur est à la fois drôle et touchant, quand un film est à la fois un film d’action et de genre, ou quand ta maman me fait à la fois un massage thaï et une crêpe bretonne.
Vas-y c’est quoi l’histoire ?
Lolita, c’est à la fois un bouquin giga riche, plein d’anecdotes, de références, de choses que l’on découvre après mille lectures et des recherches intellectuelles, et en même temps, ça se lit facilement, rapidement, et avec plaisir. En plus, c’est un des ouvrages qu’il est de bon ton d’avoir lu en société, et que l’on peut considérer comme une des œuvres littéraires majeures du 20ème siècle, au même titre que Voyage au Bout de la Nuit, de l’autre taré.
Lolita, c’est l’histoire d’un mec qui écrit son histoire. Déjà. En gros, il est en prison, attend d’être jugé, et raconte sa life en prenant un pseudonyme. Gros mindfuck, mise en abîme, récit dans le récit, on plonge dans le bain. Le héros se renomme donc Humbert-Humbert, et on se rend déjà compte du côté narcissique du type qui se donne un prénom redondant. Bref, jeune intellectuel, brillant, européen, et se retrouvant aux Etats-Unis pour récupérer un héritage d’un lointain oncle (à savoir, une maison), le narrateur pourrait être tout à fait normal s’il n’avait pas vécu une aventure troublante et déchirante dans sa jeunesse. En effet, à peine adolescent, il tombe amoureux d’une jeune fille, avec qui il aura une aventure de gamin, mais qui mourra du typhus quelques mois après. Explication psycho-pathologique, mais surtout immense excuse de son gros vice : la pédophilie.
Parce qu’il est bien question de ça dans ce bouquin, et voilà également pourquoi il fut censuré à l’époque. Humbert-Humbert va épouser une meuf pas terrible, mais dont la fille, Dolorès (qu’on surnomme Lolita), va le rendre giga dingue, du haut de ses douze ans. Aidé par le sort (la mère de Dolorès meurt), le héros devient le tuteur légal de la petite, et s’en suit alors une sorte de road-tripping sordide où il l’emmène à travers les états-unis, mi père, mi amant. Je ne te raconte pas la suite, à toi de la lire.
C’est bien ou pas ?
Je ne vais pas me répéter : Lolita est à la fois riche d’un point de vue littéraire, mais également très agréable à lire. Tout le génie de Nabokov, selon moi, est d’arriver à rendre Humbert-Humbert sympathique, alors qu’il s’agit d’un type capable d’éprouver de la joie à défleurer une gamine et à fantasmer dessus, et remercier le ciel de la mort d’une personne. Ce type, qui réfléchit même à faire l’amour aux futurs enfants de sa fille/amante, et même peut-être ses petits enfants, s’il est encore assez vert pour cela, nous parait tellement plus raffiné, cultivé, drôle et intelligent que ces américains, grossiers et idiots, qu’on en vient à espérer qu’il parvienne à ses fins.
La morale est elle sauve ? Ça, c’est à toi de le découvrir en lisant ce chef d’œuvre…
Ok. Cet article bien bien bien bien me donne envie de lire ce classique. Je l’emmènerai peut-être pendant les vacances…