On va chez Tonton Robert tous les ans, régulièrement. A chaque fois, il nous sert des plats d’une richesse incroyable. Gras, lourds, en quantité, mais d’excellente qualité. On en ressort le ventre plein, mais pas malade. Juste le sentiment d’avoir très, très bien mangé. La première fois qu’on a mangé chez Tonton Robert, c’était la folie. Toute cette bouffe, si bonne, si délicieuse. Un peu lourde, certes, mais vraiment excellente. La seconde fois, c’était encore plus fou. Il y avait des surprises, les plats se succédaient et étaient encore plus incroyables que d’habitude ! Pour cette troisième fois, je ne sais pas trop ce qui a pris à Tonton Robert. L’apéritif était génial, mais il a voulu se la jouer bobo, avec de petits toasts et des blinis. Bon, y avait de la grosse ripaille à côté, mais c’était moins original, et on sent bien qu’il vaut mieux pas qu’il fasse dans la dentelle.
Maintenant que tu sais que je suis le roi de la métaphore complètement pourrie tu vas pouvoir comprendre pourquoi je n’ai pas été entièrement conquis par le dernier Gears of War 3.
Tu l’as compris, Tonton Robert, c’est Gears of War. Et cette série, c’est un peu celle qui m’a fait acheter une 360, rien que ça. Le premier jeu qui m’a montré ce que la console de Bilou avait vraiment dans le ventre. La première fois où je me suis dit « ok, donc c’est ça, la Next Gen. Je me mets tout nu et je me cache dans une poubelle, pardon de ne pas vous avoir cru ».
Mais en dehors de graphismes impressionnants, c’était tout le jeu en lui-même qui était bon. Un système de couverture innovant, une maniabilité volontairement lourde, un gameplay aux petits oignons, bref, on kiffait. Un kiff qui augmente encore avec le second opus, sobrement intitulé Gears of War 2. Tout court. Pas de petit sous-titre pour te faire croire à un scénario recherché, non. Pas de « Gears of War 2, Rise of Lambents ». On fait pas dans la dentelle et on s’encombre pas de superflu. On défonce des vers de terre géant de l’intérieur, on visite des cités immenses dévastés, on prend un tank et on attaque l’univers. Badass. C’est le mot. BADASS.
Et soudain, voilà qu’arrive monsieur troisième opus, Gears of War 3. Tout commence bien, avec une séquence bien nerveuse sur un énorme bateau, puis, un twist scénaristique bien foutu puisqu’on revit ensuite la même action, mais vue par une équipe différente. On prend petit à petit le jeu en main, avec ses nouvelles « subtilités », comme la Co-op à quatre, bien sympatoche, les armures-robots qui nous font défoncer du locuste avec joie et légèreté, et la découverte des « tiges », ces plantes énormes qui crachent à volonté des lambents, les seconds méchants du jeu, une version explosive et irradié des méchants de base : les locustes.
Donc, on joue, on s’amuse, on éclate des méchants… Mais on s’éclate un peu moins. Le scénario est devenu trop centré sur les personnages, trop sérieux. Même le design de certains a changé. On tente de rendre grave les combats persos de chaque héros, mais il n’y a finalement pas grand chose à creuser, et finalement, tout ça sonne un peu creux, un peu vide. De même que la fin qui, sent spoiler, ne dévoile aucune surprise, aucun retournement de situation de fou. On perd le second degré qui me faisait marrer dans le premier épisode, et qui avait été surligné dans le second, avec ces dialogues complètement dingues. Et alors que les premiers actes de Gears of War 3 nous en mettent plein les mirettes, ceux d’après, sans être mauvais, surprennent moins. Des couloirs, des locustes qui attaquent, quelques passages marrants, mais on sent que les idées manquent un peu, et que les développeurs se sont plus concentré sur le fait de terminer le scénario, et la série, que sur le fait de montrer des trucs complètement dingues aux joueurs.
Du coup, on finit le jeu et on reste un peu sur sa faim. On en aurait voulu un peu plus. Plus d’action, plus de diversité, plus de folie scénaristique, et moins de phases quasi-gnangnan avec les héros, qui ne sont vraiment pas fait pour nous réciter des textes à la Final Fantasy ! Le soft reste, bien évidemment, bon, mais il prend du coup un petit coup de vieux, même graphiquement. Certains effets ne prennent plus, on commence à avoir l’habitude, et finalement, on a du mal à être surpris. Petit bémol en plus, le fait d’avoir toujours quatre joueurs sur le terrain, afin de pouvoir jouer en co-op à 4, déséquilibre parfois la difficulté du jeu. Autant dire que l’IA de vos coéquipiers est parfois giga stressante, et ne pas se faire réanimer par un mec qui est à côté de vous peut vous faire frôler la crise de nerf. Qui plus est, certains passages sont super faciles, tandis que d’autres sont beaucoup plus compliqués et un poil brouillon. On en vient à se demander si un simple mode deux joueurs n’aurait pas été mieux.
Enfin bon, on va pas cracher dans la soupe non plus. Gears of War 3 reste un excellent jeu, qui conclut une série EPIC (AHAHAHAHAHAH). C’est justement parce qu’on avait été habitué à l’excellence que je me permets de chipoter sur ce troisième volet. Un troisième volet qui m’a quand même fait beaucoup de bien dans les fesses, même s’il termine la série en m’apportant une pointe de déception. Si jamais Tonton Robert nous réinvite à manger, j’espère qu’il rangera les blinis et ressortira les plats bien gras d’autrefois !