Guillaume Farley – Blindé

Le 1er Avril sortait Blindé, le troisième album de Guillaume Farley. Plus de dix ans après son premier, En Guise de Bonjour, sorti en 2011 : oui, le temps passe vite. Et alors ? Bien ou pas ?

La même énergie

Ce qui surprend quand on écoute Guillaume Farley, c’est l’étendu de son univers. Sa faculté à passer du rire aux larmes, des chansons enjouées et funky à des morceaux plus intimistes et calmes, sa voix profonde et grave et ses montées dans les aigues superbement maîtrisées : quelle tessiture ! Monsieur est musicien, monsieur sait chanter en plus d’être un héros à la guitare et un dieu à la basse, c’est un pro, et ça fait plaisir à entendre. En ce sens, musicalement, et comme toujours, l’album est impeccable.

On est tout aussi heureux de sentir cette énergie, cette bonne humeur communicative, cette gentillesse flagrante qui m’avait frappé dès la première rencontre. Blindé est un album puissant, complet et vivant. Cette énergie, on la retrouve bien entendu toujours dans ses concerts, en témoigne l’excellent moment que j’ai pu passer avec ma môman, lors d’un récent live au Pan Piper, dans le 20ème. Toujours autant d’énergie et de love sur scène. Et même quelqu’un de complètement étranger à Guillaume, comme ma petite maman, est tombé sous le charme de l’univers de l’artiste. Cependant, là où c’est encore plus fort, c’est que cette fois, l’album réussit à recapter encore plus fidèlement l’énergie du live. L’écart entre les deux mondes m’a paru moins flagrant, plus tenu, et plus complémentaire. Les morceaux sonnent très modernes, très actuels (sans que ce soit un gros mot) et, tout en restant du Farley, ça sonne très « à la mode », ce qui donne aux chansons quelque chose d’encore plus puissant. Comme si l’artiste avait su capter l’essence de l’époque, la distiller savamment dans sa musique et en mettre juste une goutte nécessaire pour rendre le tout encore plus savoureux qu’avant. Mention spéciale à la nouvelle formation du groupe et aux deux zicos qui accompagnent parfaitement Guillaume Farley : Edouard Coquard à la batterie et David Hadjadj au claviers. Ce dernier apporte un vent de fraicheur avec des sons parfois vintages et parfois résolument modernes, limite électro, à la musique de Farley. Quand à Edouard Coquart, il est directement lié à la réalisation de l’album. Peut-être que c’est en laissant une partie de son projet dans les mains d’un autre qu’on a pu réussir à obtenir ce résultat global terriblement efficace.

Petite apparté, mais si vous voulez en savoir plus sur la réalisation de cet album, avec une partie très personnelle et touchante sur la vie de Guillaume Farley, je vous invite à lire ceci.

 

Tubesque, enfin !

Depuis des années, j’écoutais Farley avec plaisir, je kiffais ses sons, mais il manquait peut-être ce je ne sais quoi de plus… un ou deux morceaux qui sortent du lot, quoi ! Tu sais, ce titre que tu peux écouter en boucle en te dandinant, cette petite pop actuelle qui sent bon l’eau de Cologne et que tu trimballes avec toi toute la journée, avec ce gimmick mélodique qui reste dans ta tête non-stop, au travail, sous la douche ou quand tu promènes le chien.

Bien sûr, les morceaux d’avant étaient tous très bons, mais c’étaient, selon moi, des belles histoires, de beaux moments de vie, de la poésie parfois, des ritournelles, etc. Il manquait le tube. La chanson simple, le refrain entêtant que tu réécoutes sans cesse, juste pour le plaisir. Et bien tu sais quoi ? Blindé en est blindé. Du moins, il y a bien deux/trois morceaux qui répondent à ces critères. Modernes, rythmés, drôles, pop et, surtout, SURTOUT, toujours dans l’essence même de la puissance de Guillaume Farley. Prenons par exemple l’excellentissime « Pour toujours un Faux Rêveur » composé, si je ne m’abuse, par le non-moins excellentissime Roch Havet. Alors oui, on est sur une chanson/jeux-de-mots-anglais-français qui pourrait être juste sympatoche. Mais NON, mon ami. NON ! Déjà, parce qu’outre l’exercice de style, à saluer, on notera le fait qu’une vraie histoire s’en dégage, véritable tour de force. Mais au delà de l’ intelligence de l’écriture, c’est sans contexte la composition, la mélodie et l’orchestration, ultra funk-vintage, qui font taper du pied et bouger le popotin. On mélange tout au mixeur, on rajoute un clip totalement dingo, et on obtient un tube qui devrait, dans un monde meilleur, faire 6 milliards de vue sur Youtube. Les gens sont des cons, que veux-tu ma ptite Lucette ? En attendant, kiffe ce clip, et clip ce kiff. Tu verras que Farley est aussi un comédien, un showman et un petit canaillou de grande qualité.

 

Convaincu ?

C’est toujours une petite appréhension qui accompagne la sortie d’un nouvel album, surtout lorsque tu apprécie l’artiste ou le groupe concerné. Peur d’être déçu, de ne pas réussir à t’adapter si le style a changé, ou au contraire, l’impression de tourner en rond si tout est resté dans le même jus. Là, ce n’est ni l’un ni l’autre.

Blindé est une concrétisation, parce qu’il apporte une dimension nouvelle à l’univers de Guillaume Farley, qui le rend un peu plus accessible au plus grand nombre, sans dénaturer son univers. Je me souviens d’un échange que l’on avait eu, il y a 8 ans (mon dieu) et que vous pouvez retrouver ici. À l’époque, Guillaume cherchait encore un peu le ton à donner à son deuxième album qui allait alors sortir, et il n’était pas totalement satisfait de celui qu’il avait donné au premier. Pas facile de prendre du recul, de savoir quand une chanson est trop personnelle, trop larmoyante, un équilibre difficile à trouver. J’ai réellement l’impression qu’avec Blindé, cet équilibre a été trouvé. Équilibre de voix, de ton, de style, de sonorités : tout me semble parfait. Et je dis pas ça uniquement parce que je suis fan.

Je dis ça, parce que c’est vrai.