Elden Ring (Xbox Series X)

Tout le monde en parlait. Tout le monde y jouait. Tout le monde m’a donné envie de le tester. J’ai été faible. Je l’ai pris. Après plus de 150 heures passées sur Elden Ring, j’ai terminé une première fois ce mastodonte, et je pense être capable de donner mon ressenti, environ trois mois après n’y avoir plus du tout touché. Plus du tout ? Hmmm, mauvais signe ? Oui, et non.

 

 

L’art de la difficulté

 

Elden Ring est un jeu développé par From Software, l’équipe à l’origine des jeux Dark Souls et Demons Souls. Des jeux réputés pour leur rigueur et l’implication extrême qu’ils demandent. Autant vous dire que la difficulté n’est pas un critère qui m’attire dans un jeu vidéo. Là où Elden Ring se démarque de ses aînés, c’est qu’il propose un monde ouvert immense, et, apparemment, une approche plus souple et permissive. Une pratique du jeu « à la carte », où chacun peut y trouver son compte. Le joueur occasionnel y passera quelques heures par semaine, et le plus chevronné se plongera à fond dans l’aventure. C’est, du moins, ce que disaient les journalistes et autres influenceurs qui avaient testé le jeu en amont. Et, c’est en partie vrai. Après avoir débuté doucement, j’ai rapidement commencé l’aventure à mon rythme. Cependant, si pour les joueurs habitués, le jeu est simple, pour quelqu’un qui aime juste l’exploration d’un monde immense, Elden Ring va rapidement distribuer quelques baffes. Affronter des ennemis n’est pas une mince affaire, même au début, et la moindre erreur est souvent fatale. On doit préparer chaque combat avec attention. Il faut donc assumer le fait que fuir est souvent une bonne solution, et que certains affrontements risquent fort de se solder par la mort de son héros. Toute la difficulté étant alors de retourner au lieu de son trépas, pour y récupérer toutes les runes accumulées. Les runes étant à la fois la monnaie du jeu, mais aussi l’expérience accumulée, et nécessaire au gain de niveau. Gare alors à ne pas se faire tuer sur le chemin, car si l’on meurt de nouveau, nos runes perdues vont définitivement disparaitre. Exit l’argent accumulé et les possibilités de transformer son expérience en passage au niveau suivant.

Bref, pour résumer, pour un habitué des Souls, le jeu va être très, trop facile. Pour un joueur plus lambda, il va apporter beaucoup plus de défi.

 

 

 

Explor-action ?

Je cherchais donc l’aventure, un sentiment d’exploration et de découverte digne du désormais légendaire Breath of the Wild, qui m’avait comblé au plus haut point. J’ai été à moitié servi.

A moitié, parce qu’effectivement, le monde d’Elden Ring est immense, impitoyable, dangereux, étrange et dérangeant. On se sent à la croisée des chemins d’univers comme le Seigneur des Anneaux, les romans de Lovecraft ou autres délires de dark fantasy assez malsains. Cette impression d’arriver après un cataclysme, face à quelque chose qui a rendu les gens fous, les terres vides, l’univers inquiétant, augmente encore plus ce sentiment d’aventure et d’exploration que je recherchais. On est seul, face à l’univers, à ces monstres répugnants et dangereux. On ne croise presque aucun être vivant pacifique, ou ayant encore toute sa tête. Bref, l’univers est là, puissant, dépaysant, et pour ça, on est comblé.

Le deuxième effet kiss-cool est le pendant de ce monde post-chaotique. Il est vide. Alors, certains vont pester, et dire que c’est faux. De nombreux monstres le peuple, on y croise des animaux, des ours, plein de choses. Mais étrangement, je ne me suis jamais senti autant face à un jeu vidéo que face à Elden Ring. Et ce, dans le mauvais sens du terme. C’est la formule « Souls » qui veut ça, mais les respawns, le retour incessants des ennemis au même endroit, leur manque total d’intelligence, le fait de ne croiser aucun village vivant… bref, ce côté « monde mort » parait parfois une belle excuse pour en faire un terrain de jeu pas vraiment très organique. L’antithèse totale de ce que proposait Breath of the Wild quelques années plus tôt. Moins beau, moins grand, mais tellement plus vivant. Un Zelda avec des balades à cheval interrompues par l’arrivée improbable d’une comète dans le ciel, des orages soudains qui viennent contrecarrer nos plans d’incendie de la base ennemi, un moteur chimique incroyable comportant des réactions entre les éléments, un jeu de physique très bien foutu, et un univers, certes un peu vide, postapocalyptique aussi, dans une moindre mesure, mais de vrais endroits vivant, au microcosme plus important, des villages, des lieux de vie. Elden Ring n’est pas comme ça et pour moi, je dis bien « pour moi », c’est dommage.

Bref, on pourra dire que c’est dans son ADN de proposer un monde mort, mais en ce sens, mon aventure dans les terres d’Elden Ring m’a moins séduit que prévu.

 

Complet et bourratif ?

On ne peut pourtant pas dire qu’Elden Ring soit radin sur son contenu. Des milliers de missions, des tonnes de combinaison de personnage différentes, des sorts, des armes, des armures, un bestiaire fourni, des quêtes secrètes, des donjons cachés… Bref, le jeu a de quoi occuper de longues heures. Mais il apporte aussi ce sentiment de Salade-Tomate-Oignon : il est complet, très complet, un peu bourratif même. J’avais l’impression parfois d’être surchargé par le jeu, et souvent artificiellement. Encore des ennemis, encore un endroit étrange à explorer pour… rien, parce que l’histoire, du héros en tout cas, n’apporte rien. Au final, on se content de suivre les lumières et d’apporter une solution à ce monde décrépit en suivant les préceptes d’un des grands personnages de l’histoire. Tout ça pour taper des monstres et avancer… et de fait, face à un monde déjà mort, déjà abandonné, l’intérêt scénaristique est moindre que s’il fallait sauver quoique ce soit…

Finalement, je ressortais souvent de mes parties d’Elden Ring frustré, parce que j’avais galéré sur un passage, parce que je voulais voir un endroit, mais qu’il me proposait mille quêtes, et qu’il y en avait toujours plus, toujours, toujours plus, sans vraiment d’intérêt derrière, du moins en terme de narration. 

Le jeu est beau, bien léché, agréable, et j’y revenais régulièrement, mais il me manquait un peu de substance. Pourtant, j’y revenais toujours, car il est diablement addictif, bien réalisé, et son ambiance fascine.

Au final, en terminant, ENFIN, l’aventure, après l’avoir poncé pendant 150 heures (150 heures de plaisir, hein, personne ne m’a forcé à y jouer), et après avoir tenté de refaire une partie, je me suis retrouvé à le laisser de côté, par manque de motivation. Une petite déception m’a envahi. Peut-être que finalement, la promesse de séduire un maximum de public avait ses limites, mais on peut tout de même saluer l’excellence du jeu, et son grand écart, en partie réussi, pour satisfaire un maximum de personnes.