Celeste (Xbox One)

Le temps est au jeu vidéo. Après avoir terminé Cuphead, j’ai décidé d’attaquer Celeste. En fait, il s’agit du même scénario : jeu acheté il y a longtemps et mis de côté « en attendant ». Même scénario aussi dans le style : jeu difficile, à faire et refaire jusqu’à plus soif. Même scénario, enfin, dans ce petit côté « accroche-toi au début Marcelin, tu vas kiffer ensuite ». Mais pourtant, Celeste a quelque chose en plus…

Et, spoiler, j’ai kiffé.

 

Célesto Cosmique

Jeu de plateforme plutôt classique, Celeste brille par plusieurs aspects. Son côté graphique, pixel-art, est magnifique et ne joue pas, comme c’est parfois le cas, la facilité. Si, visuellement, le jeu est volontairement simple, il est doté d’animations fluides et agréables. Elles permettent un gameplay aux petits oignons qui ne lasse pas, le jeu tournant autour du principe du die and retry. En effet, les niveaux sont durs, et il faut les faire et les refaire nombre de fois afin de les maîtriser sur le bout des doigts. Pour se faire, l’héroïne, qui se nomme non pas Celeste, mais Madeline, possède un saut, bien entendu, mais aussi un dash et la possibilité de s’agripper et d’escalader, un court instant, les murs. Oui, car il s’agit bel et bien d’escalade, le but du jeu étant d’arriver au sommet du mont Céleste.

Bref, on parcourt les niveaux, on prend du plaisir, on frôle la folie à force de les refaire, on tente d’attraper les items cachés. Mention aussi pour la musique qui, a défaut d’être, selon moi, toujours parfaite, a le mérite d’être originale et propose certains tracks vraiment cools.

Pics, précipices, les niveaux sont DURS

Bon, on a tous les éléments en main pour faire un super jeu de plateforme. Beau, maniable, bien pensé… et pourtant, Celeste propose plus, et c’est là qu’il est, selon moi, exceptionnel.

Des pressions

Quand on joue à un jeu de plateforme, comme Cuphead, Super Meat Boy, ou encore Super Mario, on ne se focalise pas vraiment sur l’histoire. Celle-ci sert avant tout de justificatif scénaristique au jeu. Dans Celeste, le contexte, les personnages, et le message sous-jacent sont intrinsèquement liés à l’expérience. On suit les péripéties de Madeline, qui tente d’escalader cette montagne et son histoire se dévoile peu à peu, distillée sporadiquement au fil des niveaux et de ses rencontres. Peu à peu, le joueur comprend que cette ascension a surtout une portée symbolique, Madeline n’ayant pas de raison concrète justifiant réellement son escalade. Très vite, la montagne de Celeste, ses défis, ses étrangetés et ce qu’elle représente, apparaissent comme une métaphore du véritable ennemi de Madeline : elle-même. Représentée par un sosie aux yeux rouges qui lui mettra nombre de bâtons dans les roues, cet alter-ego, dans les différents niveaux de plus en plus retors du jeu, apparaît alors comme une métaphore de la véritable raison de l’escalade du Mont Celeste : une terrible lutte contre la dépression.

Chaque niveau apporte son lot de subtilité en terme de gameplay

Et c’est là que le jeu prend tout son sens et dévoile une subtilité plus grande qu’il n’y parait. En tentant l’impossible, en chutant, puis en réessayant, en approchant des portes de la folie à refaire et retenter des actions qui apparaissent, au premier abord, impossibles, on comprend vite le parallèle avec cette maladie qui touche bon nombre d’entre nous. Dans les derniers niveaux, la musique s’emballant, les défis devenant improbables, l’élan scénaristique nous pousse pourtant à ne pas baisser les bras. J’ai terminé le jeu dans un état fiévreux, tard dans la nuit, à continuer coûte que coûte, pour permettre à Madeline d’affronter sa dépression et de la surmonter. Comme si la difficulté que j’éprouvais à jouer se liait à son propre mal-être. Comme si nous étions liés par un mince fil de gameplay et d’histoire.

Plus on grimpe, plus la montagne devient terrible. Ici, il faut lutter contre un terrible vent.

Le jeu terminé, un vrai soulagement s’est emparé de moi. La pression se relâche, le plaisir d’avoir pu finir le jeu va de pair avec celui d’avoir permis à l’héroïne d’avoir surmonté ses soucis. Une expérience puissante et amenée avec une très grande finesse. L’antithèse, selon moi, de jeux qui se veulent profonds et émouvants et qui ne prennent pas sur moi, lorsque je les vois arriver avec leurs gros sabots (il faudra un jour que je parle ici de pourquoi je n’ai pas du tout accroché à Gris, et c’est en grande partie à cause de ça).

Une expérience unique

Réussir à marier une excellente expérience de gameplay avec une excellente expérience d’introspection, voilà le pari assez fou que réussi Celeste. Je suis ressorti troublé et éreinté du jeu, avec la ferme intention d’y revenir plus tard.

Car oui, une fois fini, le jeu dévoile son vrai visage : à savoir, une succession de « Face B », des versions encore plus difficiles des niveaux de base, proposant d’excellents remix des musiques de base. Ajoutons à cela des niveaux supplémentaires qui s’ajoutent ensuite, et la collecte de nombreux items, souvent bien cachés ou difficiles à atteindre, et on obtient un jeu qui, en plus, peut se targuer d’avoir une excellente durée de vie.

Bon, on l’a compris, j’ai adoré Celeste. Et on se quitte sur son trailer. Petite précision, le jeu est disponible sur Xbox One (je l’ai testé sur ce support), mais on peut le retrouver sur PS4 et aussi sur Switch ainsi que sur PC et même mac OS ! Pas beaucoup de raisons de passer à côté hein ?