Orelsan – Civilisation

Salut les amis ! Avec cette nouvelle année, on se motive, et on se relance. Plus de projets, des enfants plus autonomes qui vont nous laisser un peu plus de temps à nous : bref, en ce qui concerne CaliKen.fr et d’autres projets persos, nous allons trouver un rythme plus soutenu ! En attendant, bonne lecture !

Orelsan, je connaissais peu, finalement. J’avais suivi le type de loin, assez hypé par le criticable l’improbable clip « Saint Valentin« , dès 2006, et puis, voilà quoi. Jamais écouté d’album en entier avant de tomber sur la Fête est Finie, en 2017, puis sa suite, Épilogue, en 2019.. Là, je prends conscience du phénomène, sans être totalement conquis. Et puis sort : Civilisation. Boum.

Ma meuf et la société

Orelsan, c’est un ptit gars qui vit près de Caen, qui fait du rap et qui perce un jour, au milieu des années 2000. Beaucoup de bad buzz avec notamment un de ses textes, Sale Pute, et puis quelques hits. J’aurai l’occasion de revenir ultérieurement sur tout ce qui gravite autour de ce type, en abordant notamment le très bon documentaire sur Amazon Prime qui retrace sa vie, mais là, on va vraiment se centrer sur son dernier album : Civilisation.

 

Bref, Aurélien Cotentin, de son vrai nom, est un artiste qui approche de la quarantaine, avec ses soucis, un certain regard sur la société, et puis un petit côté Monsieur tout le monde, qui arrive avec quelques phrases, à mettre des mots sur des choses pas si anodines que ça. Civilisation est moins léger que le précédent album, et tourne autour de deux points majeurs : le couple et la société. Deux sujets assez opposés, mais finalement traités de la même manière. A travers le prisme de nos imperfections, que ce soit celles de l’autre, ou bien la notre. En ce sens, Orelsan est assez fort pour tacler un peu partout, tout en se visant lui-même, ce qui lui permet d’éviter l’écueil du donneur de leçon. On retrouve ça parfaitement bien retranscrit avec le morceau « Ensemble », qui parle des difficultés à rester en couple. Une chanson puissante, et qui fait réfléchir. Là encore, l’artiste se critique en premier, et c’est en ça qu’on apprécie son regard sur le monde : oui, les choses sont pas top, mais moi non plus en fait.

« Finalement, t’es pas parfaite, j’suis sûrement pire, donc c’est parfait »

De la Pop poétique ?

La force d’Orelsan c’est de réussir à faire passer ses textes de façon simple, compréhensible, avec une poésie « accessible » à tous. Je comprends mieux pourquoi, à l’époque où TTC cartonnait également (au milieu des années 2000) et où on les comparait, il reniait la ressemblance. Le trio de rappeur parisien est plus complexe à définir, plus ancré dans une approche artistique et parfois cryptique, ce qui fait d’ailleurs son sel. Orelsan, quant à lui, propose un rap plus simple d’accès, loin d’être bête, mais définitivement populaire. Ouais, j’assume le mot : pour moi, Orelsan fait de la pop.

Et plus que jamais d’ailleurs dans cet album, ses créations sont des chansons, parfois rappées, certes, mais de plus en plus assumées en tant que telles, avec des mélodies pas uniquement sur le refrain, mais aussi sur les couplets. Ca groove, ça folk presque parfois, et même si c’est parfois maladroit dans l’approche, à la manière de PNL quand il s’échappe un peu du rap, ça rend la chose touchante, et concrète.

La musique d’Orelsan est populaire, parce qu’il vient de la classe moyenne et qu’il a réussit à faire le grand écart en étant un mec clairement intelligent, mais pas élitiste. Alors ouais, ça vole pas toujours très haut, mais les associations d’idées, la clarté des explications, des textes, l’intelligence des mots choisis rendent le fond de son album puissant, intelligent et assez fort.

Morale pas morale

Au final, le type semblerait presque donner des leçons de morales si on ne le connaissait pas tant, ou si on écoutait qu’un seul morceau sur tout l’album. Mais à y voir de plus près, on voit bien que lorsqu’il critique la société, sa meuf, ou les autres, l’artiste se compte dedans. Notre imperfection est la sienne, son changement de vision, d’un morceau à l’autre, ses changements d’avis, en mode girouettes, sont symptomatiques du mec un peu paumé qui essaie de se faire entendre, sort parfois des trucs justes, mais reste une victime de la « civilisation« .

Clément, le frangin, réalisateur du docu (promis j’en parlerai), Orelsan, et Skread.

C’est justement parce qu’il est un pur produit d’elle, qu’il en est un parfait exemple et un parfait fusible, parce que mine de rien, Orelsan appuie là où ça fait mal. Porté par les instrus vraiment puissantes de Skread, son lyrisme, aussi simple et BASIQUE soit-il, fait mouche.

Allez, on se quitte avec un clip de l’ancien album que j’aime beaucoup dans sa réalisation. Pas trop de gros mots dans celui-ci, il est quasi tout public, comme certains morceaux d’Orelsan (oui, oui, il en fait), ce qui est plutôt cool, puisque mon fiston de 4 ans et demi est devenu fan, lui aussi !