Bap

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Photo : Daisy D’Alba
Je connais Bap depuis un certain temps déjà. Je pourrais écrire des lignes et des lignes sur ce type aussi gentil que créatif, touche à tout, véritable artiste au sens large du terme. Je pourrais également vous dire que plus j’écoute ses chansons et plus je découvre ce qu’il fait, plus j’aime ce type. Que certains de ses morceaux m’ont profondément marqué, à une période charnière de ma vie. Mais plutôt que du blabla inutile, je vous laisse lire la suite et découvrir Bap, un type qu’on peut entendre chanter un soir dans un petit bar de 20 m2 carré, et retrouver le lendemain dans l’émission Vivement Dimanche en compagnie de Michel Drucker.

Bonjour Baptiste, et merci de participer à ce petit échange autour de toi et ton univers artistique. Alors Bap, tu le dis toi-même tu es un « boulimique de travail ». Chanteur compositeur, mais aussi chef d’entreprise, créateur de site web, rédacteur chef d’un magazine jeunesse… j’en oublie certainement. Est-ce que tu ne serais pas hyperactif ?

Complètement hyperactif mais assumé. A vrai dire, ce n’est pas que j’aime ou que je veux à tout prix faire mille choses, c’est simplement que j’ai bon nombre d’envies et que je me dis que ce serait bête de laisser filer ces opportunités.

« Je crois que j’aime cette idée de lancer sans cesse de nouvelles choses en l’air et de voir comment les gens autour de nous s’en emparent, ou pas. »

Donc si je comprends bien, c’est véritablement une force chez toi, et pas un handicap ? Tu arrives à finaliser tous tes projets sans qu’ils empiètent les uns sur les autres ?

J’essaye de rester pragmatique. C’est à dire éviter les fausses bonnes idées (les projets sympas mais qui finalement sont chronophages pour rien) et surtout de rester dans l’expérimentation permanente. En gros, quand je lance un projet je lui laisse quelques mois pour décoller, trouver son public ou m’apporter ce qu’il doit… Si tel n’est pas le cas, je mets le frein et donne plus de temps aux autres idées. C’est presque une sélection naturelle. Sachant que parfois, évidemment, j’insiste un peu quand je crois fort en quelque chose. Je crois que j’aime cette idée de lancer sans cesse de nouvelles choses en l’air et de voir comment les gens autour de nous s’en emparent, ou pas. C’est aussi ne pas avoir peur de l’échec (partie intégrante du processus) qui rend cela possible.

Si tu le permets on va surtout s’intéresser à une de tes facettes, la musique. On ne va pas tourner autour du pot : tu es le fils de Stone et Charden, duo mythique des années 70-80. Tu as du baigner dans la musique tout petit ?

Oui, j’allais en studio, je suivais mes parents en concert. Je ne peux nier être un enfant de la balle, presque malgré moi.

Presque malgré toi, cela veut dire que tu aurais pu embrasser une carrière différente si ça n’avait pas été le cas ? La musique ne t’intéressait pas plus que ça ?

Je crois que la création et l’artistique m’ont appelé tout de suite, et ce, sans même l’apport de mes parents. En revanche, peut-être que la domaine de la musique m’a été clairement inspiré par eux. Au début mon rêve était d’être dessinateur… rien à voir. Mais j’étais pathétiquement mauvais.

Tu n’as pas essayé de continuer par la suite ? Tu dessines encore un peu ?

Non, j’ai abandonné. Même pas par paresse mais parce que j’ai vu que j’étais meilleur ailleurs et tout aussi intéressé. Du coup, je suis devenu un gros lecteur de comics.

Oh ! Petite parenthèse comics alors, ensuite on revient à la musique : un de tes super héros préféré ?

J’ai eu mes super-héros favoris étant petit : Spider-Man, Daredevil, Les 4 Fantastiques, les Vengeurs (difficile d’en citer peu). Mais aujourd’hui je dirais davantage Deadpool.

Pour son côté anti-héros irrévérencieux peut-être ?

Je crois surtout qu’il me fait marrer et que j’ai toujours aimé les grandes gueules. Finalement, Spider-Man était très comme ça historiquement. A balancer des vannes à chaque combat. C’est un trait du personnage qu’ils ont gommé mais qui était une particularité du tisseur.

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Baptiste et ses parents

« J’ai un vrai éclectisme musical. On pourrait prendre ça comme une qualité mais quand on veut soi-même créer et faire de la musique, c’est un premier écueil à dépasser. »

On va revenir à la musique si tu le veux bien ! De manière générale, quelles ont été tes influences musicales ?

C’est là que ce fut difficile pour moi… Car j’ai un vrai éclectisme musical. On pourrait prendre ça comme une qualité mais quand on veut soi-même créer et faire de la musique, c’est un premier écueil à dépasser. Quoi faire ? Quoi chanter ? Ce que l’on aime ? Ou ce pour quoi on est doué ? Et pour quoi est-on doué ? Donc tu te mets à faire tout plein de trucs que tu adores et dans lequel tu es nul… Et tu mets vraiment longtemps à te dire « OK en fait, ça j’adore mais j’oublie, je suis bon pour ça » et là tu trouves ta voie.

Je vais peut-être être cruel, mais tu as un exemple ?

Si tu savais ! J’ai fait de la dance, du presque-boys band et même du rock énervé (avec ma voix douce, no comment)… Si tu veux une anecdote, j’avais une chanson qui s’appelait « Révolution » en mode guitares saturées et le type de la maison de disque à qui on présentait le morceau a dit « Il va vraiment faire la révolution avec sa gueule et sa voix ? » 😀

Ahahah ! Et ça a été enregistré, c’est trouvable quelque part ?

C’est trouvable chez moi mais jamais en rêve je la ressors celle-là !

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Deux Gars, un duo composé de Baptiste Charden et Rémi Cieplicki.

« Deux Gars c’est vraiment une rencontre, comme un coup de cœur. »

Parlons un peu de ce que tu fais maintenant alors ! Un petit mot sur Deux Gars, le duo que tu formes avec Rémi Cieplicki ?

Deux Gars c’est vraiment une rencontre, comme un coup de cœur. C’est assez difficile à décrire ou raconter mais c’est finalement le mélange de ce que j’avais de drôle, décalé artistiquement en moi avec l’excellence musicale de Rémi Cieplicki, un type beaucoup plus punk-rock que moi et amateurs tout comme moi de textes ciselés. Ça donne un duo de chansons françaises assez fraîches à entendre et voir, presque un show avant d’être juste « un duo ».

Vous continuez à vous produire d’ailleurs ?

Bien sur. Cette année on a décidé de continuer à faire avancer le groupe, on amène un peu plus de maturité à notre identité (notamment visuelle), on va se produire moins mais de manière plus événementielle et pour finir on espère enregistrer en studio pas mal de titres. C’est Deux Gars 2013 !

J’aimerais que nous parlions un peu de tes morceaux solo. Sur ton site perso on peut écouter et télécharger 5 chansons, avec une orchestration vraiment « pro ». C’est un projet d’album ?

Je n’aime pas trop le terme « projet d’album » disons que c’est le début d’une « mise en son » de ce que j’ai dans la tête depuis pas mal d’années. C’est plus personnel que Deux Gars et différent. L’idée serait d’ajouter à ces cinq morceaux , une dizaine d’autres pour commencer à avoir une cohérence, un univers complet.

Tu as déjà des compos dans tes tiroirs ou tu comptes partir de zéro ?

Un peu des deux. Je traine des morceaux depuis longtemps et certains méritent qu’on les travaille et qu’on les « réalise » mais j’écris encore tous les jours alors évidemment qu’il y aura des morceaux qui vont s’écrire dans les temps à venir.

Dans les 5 premiers morceaux déjà disponibles, plusieurs thèmes abordés, dont l’amour. Tu es un peu fleur bleue ?

Fleur bleue est un peu connoté « niais », je dirais donc romantique. Complètement et de manière assumée.

Reste encore (une de mes préférés) est un morceau à la fois plein d’espoir et pourtant assez triste « même quand l’amour est mort, reste encore », on retrouve un peu ce thème dans Là où je vais. « Là où je vais, j’y vais seul » mais plus tard « là où je vais, je t’attends ». C’est un peu paradoxal non ?

Pour Reste encore, déjà, il ne faut pas oublier la « ritournelle » du refrain car c’est elle qui délivre le sens. « même quand l’amour est mort, reste encore, tout autant d’amour » C’est bien moins triste qu’il n’y parait.

Aaaaaah ! Je ne l’avais pas du tout comprise dans ce sens

Ensuite pour Là où je vais, je pense que c’était assez logique dans ma tête. C’est sur le chemin que je suis seul… mais c’est au bout de ce chemin que je l’attends. Finalement cette chanson est un peu comme un sentier. On y voit des paysages, des choses magiques et sur cette route, on y va seul. Pour retrouver celle que l’on aime. Beaucoup de gens y ont vu un parallèle avec la mort, le « dernier chemin », la route que l’on accompli seul mais si cette interprétation est crédible, elle n’était pas mon idée première. C’est d’ailleurs très agréable qu’une chanson puisse être appropriée par l’oreille de celui qui l’écoute. C’est bon signe.

Je veux pas te lancer des fleurs, mais c’est vrai qu’on s’approprie facilement tes textes, car ils nous touchent par leur simplicité et, en même temps, la complexité des sentiments qu’ils mettent en relief . Sans âge …. N’est-ce pas un peu autobiographique ?

Merci pour tes mots, c’est vraiment ce que j’essaye de faire et c’est un grand compliment pour moi. Sans âge est complètement autobiographique car je me suis toujours senti, par bien des manières, en décalage complet avec « l’autour ». Trop vieux pour les jeunes, trop jeunes pour les vieux. Ça complique les choses.

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« Finalement, c’est peut-être ça être un artiste ? Juste se sentir dans ce décalage permanent et avoir besoin de l’exprimer pour vivre. »

L’autour, ce sont les amis et ton environnement ? (les modes, les actualités, etc.)

Les deux. Les amis, même proches, mais le monde aussi. Finalement, c’est peut-être ça être un artiste ? Juste se sentir dans ce décalage permanent et avoir besoin de l’exprimer pour vivre.

Dernière chanson dont j’aimerais te parler, c’est peut-être la plus drôle : Le Meilleur des Cons. L’histoire d’un type qui se la pète sur Internet mais qui est finalement surtout à plaindre. Tu es assez actif sur le net, notamment Twitter, c’est un phénomène humain que tu constates ?

Oui. Cette chanson est avant tout une satyre. Mais des « Meilleurs des cons » on en connait tous.

Oui, d’ailleurs c’est même une gentille satyre, puisque le fait que ce soit raconté à la première personne rend le personnage attachant. N’est-ce pas une critique envers nous-même également, ce que les réseaux sociaux tendent à nous faire devenir parfois ?

Si, complètement mais avoir ce recul et se rendre compte que l’on devient notre propre caricature devrait nous permettre de réagir. Ça commence par ne pas trop se prendre au sérieux, je pense. Surtout sur les réseaux sociaux où on est le « centre de rien », si ce n’est de son nombril. (bises aux influents)

Et en dehors de Deux Gars et de ton projet de « mise en son » de ton univers musical sur bapmusic.fr, tu as d’autres projets prochainement ?

Pleins de projets pro, toujours autour du web, et un autre « gros » projet musical mais que je garde au chaud… On verra quand tout cela sera mûr.

Tu nous mets l’eau à la bouche là ! C’est tip top secret ?

Je t’en parlerai en privé si tu veux mais une de mes règles d’or c’est vraiment de ne pas trop parler à tort et à travers et encore moins vendre la peau de la bestiole avant de l’avoir tuée. Mais ça devrait être chouette !

Bien sûr, je comprends tout à fait !

Je peux juste ajouter une petite chose : j’ai eu la chance d’adapter une comédie musicale de Broadway en français. Elle « sort » à Paris en Avril, ça s’appelle The Full Monty, tirée du célèbre film, et ça devrait être vraiment bien. Le travail d’adaptation est vraiment un autre boulot que l’écriture mais c’est un beau challenge.

Pourra-t-on te retrouver dans des manifestations comme l’été dernier, à Lyon, si je ne m’abuses (Les nuits de Fourvières je crois) ?

J’adorerai mais je ne le sais pas encore à l’heure qu’il est ! En revanche il y aura bientôt un concert des Deux Gars !

Ok ! Et bien Bap, merci beaucoup pour cette interview et à très vite pour tes prochains rendez-vous !

De rien. Tu sais que le plaisir était pour moi.

Vous pouvez écouter et acheter les chansons de Bap sur son site, et le retrouver également sur Twitter. Son blog est dans mes favoris, je vous laisse le retrouver ! Pour en savoir plus sur Deux Gars, cliquez-ici !

Bap lors de l’émission « Vivement Dimanche », chantant son superbe morceau « Là où je vais » et accompagné par les « Petits Chanteurs de Saint Marc ».

 

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