[Cinéma] Her : le passé c’est une histoire qu’on se raconte

Her

Cinéma. Cinéma, cinéma, cinéma… Tchitchaaaa !

Oui, j’ai été au cinéma il y a quelques jours, voir Her. On m’avait dit que c’était un beau film. On avait raison.

Allez hop, regarde cette bande annonce avec le casque sur les oreilles, pour commencer.

Tout d’abord

D’abord, on va parler du scénario, qui, à lui seul, n’a rien de très sexy. 2025, Los Angeles, Theodore se remet difficilement de sa rupture. Il n’a d’ailleurs toujours pas signé les papiers de son divorce. A côté de ça, il achète le tout dernier système d’exploitation : une intelligence artificielle ultra développée qui décide de s’appeler (oui, elle le décide toute seule) : Samantha. Et puis… ils tombent amoureux.

Toi aussi, emmène ton IA partout avec toi pour lui faire découvrir le monde

C’est une blague ?

C’est vrai qu’à première vue, ça parait loufoque, surtout lorsqu’on résume l’histoire aussi rapidement. Ça a même un petit côté ridicule totalement assumé car, même si le film ne s’articule pas vraiment là-dessus, l’humour y est tout de même présent, même si c’est de manière éparse. On pourrait prendre pour exemple le personnage principal, Theodore, une sorte de loser brillant, mix improbable entre Harry Potter, Austin Power, Tom Selleck (pour la moustache) et un bobo parisien. Parlons également du style vestimentaire de cette future époque,  totalement saugrenu. Un improbable mélange des genres : années 80 pour la déco et certains looks avec des pantalons sans ceinture en haut du nombril, des chemises ou des polos criards ; années 70 pour les couleurs. Quant aux acteurs principaux, ils ont tous l’air plus ou moins décalés, voire carrément à l’Ouest.

« Je suis pas giga beau mais je suis giga touchant et je joue giga bien »

A première vue, on pourrait être déstabilisé par tout ça, sauf que…

Une ambiance incroyable

…Sauf que oui, du coup, on est en fait rapidement happé par l’atmosphère du film. Déjà, il faut rendre hommage à la représentation de ce futur proche, et ce Los Angeles de 2025. Enfin une vision de notre avenir qui ne flirte pas un seul instant avec le post-apocalyptisme habituel, les menaces aliens/zombies/vampiresques/astéroïdales/et la dépression en sortant de la salle… Non, ici, l’univers dépeint nous rappelle notre société, avec une allure légèrement différente et une technologie plus poussée, c’est tout. On a envie de croire en cette vision pacifique et réaliste du futur, bien que non dénuée de défauts.

Des plans longs, très esthétiques, accompagnés d’une musique électro douce qui met dans l’ambiance (Arcade Fire riprizint), rythment le film. Ces belles images nous permettent de faire une pause contemplative et de vraiment plonger dans cet univers envoûtant…

L’appartement de Theodore. Beau, classe, vide, froid. Tout comme ce Los Angeles aseptisé. J’adore.

Des critiques implicites

Car ce futur ne sert que de base à cette histoire d’amour, et à aucun moment il ne reprend réellement le premier plan. Her est un film d’amour, pas un film d’anticipation. Du coup, malgré les « défauts » de la société que j’évoquais plus haut, ceux-ci ne sont pas directement jetés à la gueule du spectateur, mais se révèlent plus être un simple constat, sans jugement pré-établi. Qui plus est, leur lien avec les maux de notre société de maintenantlàtoutdsuite les rendent encore plus crédibles. Le rapport de l’homme à la machine, sa dépendance au smartphone et à la technologie, la relation entre les humains… Bref, ceci nous parle déjà, et le film a l’intelligence de ne pas en faire un sujet lourd.

Ici, pas d’écran de fou, ni de technologie improbable. Ce 2025 n’en est que plus crédible et intriguant.

Quelles questions ?

Le film ne pose donc pas vraiment de questions de façon directe, mais il est assez bien foutu pour que ce soit nous qui nous les posions tous seuls, comme des grands. Des questions sur notre rapport à la technologie, mais aussi sur la déshumanisation de nos correspondances, mis en avant par le métier de Theodore qui consiste à rédiger des lettres personnelles pour d’autres personnes (lettres d’amour, etc.) Des questions également sur l’amour. Idéalise-t-on notre relation passé ? Comment se défaire de nos souvenirs (avec cette magnifique phrase que j’ai repris dans le titre de ce billet : « le passé c’est une histoire qu’on se raconte ») ? Peut-on aimer quelqu’un sans le voir ? Une intelligence artificielle peut-elle aimer ? J’ai moi-même été amené à me demander si le film n’allait pas encore plus loin et ne mettait pas en avant une sorte de rupture entre l’amour pour une personne et l’amour pour tous, une sorte de vision assez bouddhique (je n’en dirai pas plus pour ne pas vous spoiler). On peut également y voir un questionnement sur la solitude et la manière de la gérer… On ressort du film avec tout ça en tête, sans pour autant être étourdi par toutes ces réflexions.

Des acteurs très bien choisis.

Qu’il s’agisse du jeu excellent de Joaquin Phoenix, de l’apparition plutôt courte mais tout en charme de Olivia Wilde, de la charmante voix de Scarlett Johansson (qui incarne l’IA et arrive à être belle sans être vue) ou encore de la très décalée (mais touchante) Amy Adams en mode meilleure amie/confidente du héros, tout tombe juste, tout est bien joué, tout parait à la fois probable et légèrement absurde.

Olivia est presque trop belle et fait peur !

Verdict ?

J’ai pas trop envie de te parler du film pendant mille lignes, Denise, parce que je veux que tu plonges dedans, que tu sois prise par le jeu impeccable des acteurs que tu te fasses ta propre idée et que tu le savoures, tout comme je l’ai savouré. Certes, on pourrait dire qu’il est un peu long, voire un peu lent, mais à aucun moment je ne me suis ennuyé. A part devant une scène, où j’ai vraiment décroché. Mais je te laisse découvrir laquelle…

 


1 comment

  1. Venus Factor août 29, 2014 1:39  

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