Pokémon GO

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Lundi 25 Juillet 2016, Parvis de la Défense.

Mon RER partira dans une vingtaine de minute. Il fait beau. Pas envie de rester sur le quai à attendre en bouquinant. Je sors, pour prendre l’air. Pour prendre l’air mais, avouons-le, j’ai une autre idée derrière la tête. Le soleil décline, offrant des teintes pourpres à l’horizon que l’on voit derrière ce grand monument aussi majestueux que laid qu’est la Grande Arche. Sur la place, au milieu des derniers employés qui sortent du bureau et des badauds qui se dirigent vers les restaurants ou le cinéma, de nombreuses personnes avancent, sourire aux lèvres, leur téléphone à la main. Enfants avec leurs parents, cadres en costards, jeunes femmes en tenues estivales, groupes de potes ou encore adolescents encore boutonneux : les voilà en train de se ruer de part et d’autre, de rire entre eux, et les sourires complices apparaissent entre ceux qui reconnaissent d’autres joueurs. Pokémon GO offre une atmosphère indescriptible. 

Pokémon, toute une (longue) histoire

Pokémon, tu connais sûrement, du moins de nom. Créés en 1996, les « Monstres de Poches » (Pokémon est la contraction de Pocket Monsters) sont d’abord un jeu vidéo, sur Game Boy : Pokémon Rouge et Pokémon Bleu (Rouge et Vert au Japon). On y incarne un jeune aventurier qui doit, au cours de son périple, attraper un maximum de ces petites créatures, les faire progresser et évoluer pour ensuite affronter d’autres dresseurs de Pokémon. Véritable succès dès son lancement, le jeu connaîtra différentes adaptations, notamment en manga, dessin animé, cartes à jouer – et j’en passe -, mais surtout d’autres opus de cette série canonique verront le jour et ce, de façon régulière. On parle alors de générations de Pokémon, puisque chaque nouvel épisode apporte son lot de nouveautés et, bien entendu, de Pokémon. Vingt ans plus tard, les nouvelles éditions sortent toujours régulièrement, en témoigne le futur Pokémon Soleil et Lune, prévu pour la fin d’année. Le compteur total de Pokémon existants approchera alors doucement des 1.000 spécimens (contre 151 en 1996).

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L’évolution graphique entre le premier épisode, Pokémon Bleu et Rouge, et le dernier en date, Pokémon X et Y…

Rions ensemble de ceux qui, en 1996, parlaient de phénomène de mode ! Aujourd’hui, Pokémon est une véritable success story. Une franchise qui rapporte beaucoup de sous. Des sous à Nintendo et à The Pokémon Company, mais aussi du bonheur à tous les fans, étant donné la qualité de la série.

Pokémon GO, c’est quoi ?

2016 les amis ! On peut dire que nous sommes dans le futur. Elle est loin l’époque du premier jeu en noir et blanc, des graphismes sommaires et des échanges fastidieux en reliant deux Game Boy avec le fameux gros câble Link. Aujourd’hui, Internet est partout. Partout, et surtout dans ton téléphone. Car oui, après la sortie et le succès de son application social « Miitomo », Nintendo (enfin, surtout Niantec et The Pokémon Company) récidive en sortant Pokémon GO. Pokémon GO oblige le joueur à bouger ses fesses et à aller chercher du Pokémon par kilos, dehors ! Le terrain de jeu est, cette fois-ci, le monde entier, entièrement retranscrit dans une carte virtuelle sur laquelle l’avatar du joueur se déplace en même temps que lui.

Le reste n’est que poésie : on avance, notre smartphone nous indique où se trouve le Pokémon, on le capture sommairement, et bien plus facilement que dans le jeu vidéo, en lançant sa Poké Ball. Pas de place pour l’entraînement : ici, pour faire évoluer un Pokémon, il faut lui donner des bonbons que l’on obtient en capturant d’autres Pokémon de la même espèce. Disons que du coup, et c’est peut-être le seul défaut du jeu, la chasse complexe et rare de Pokémon devient une sorte de grande fête du slip où les captures se suivent et se ressemblent, puisque plus on fait de capture, plus on gagne d’expérience, et plus on fait évoluer son Pokémon.

37c73921a32bdac775831d3855570d0dLes Pokémon apparaissent dans la réalité, sur l’écran de ton smartphone de bourgeois

Outre des Pokémon, on rencontre des Pokéstops : des lieux d’intérêts qui mettent généralement en avant tous les lieux intéressants de l’endroit où on se balade : musées, sculptures, gravures, fresques, monuments aux morts, plaques commémoratives, etc… Ces Pokéstops sont tout simplement des boutiques dans lesquelles on fait le plein d’objets très importants pour la suite. Autant dire que pour chasser du Poké, il va falloir boucher ses miches.

Chi GOLes Pokémon sont vraiment partout

Dernier endroit important, les arènes : seuls véritables endroits où l’on peut se battre et voir les capacités de son Pokémon (du moins pour l’instant). Attention, on est à des milliers d’années lumières de la stratégie millimétrée des combats Pokémon habituels. Ici, le véritable enjeu est de réussir à prendre d’assaut une arène ennemie, ou renforcer une arène alliée. Tous comme les Pokéstops, elles sont situées dans des endroits dignes d’intérêts (près de mon taff, par exemple, l’église est une arène !). Les joueurs choisissent, à un moment dans l’aventure, d’intégrer une des trois grandes équipes (Bleu, Jaune ou Rouge) et doivent donc s’allier au sein de leur Team pour conquérir ou défendre les différentes arènes.

Voilà, EN GROS, les principales notions du jeu qui permet surtout, ne l’oublions pas, de sortir de chez soi et de voir des Pokémon s’afficher dans le paysage réel, à travers le smartphone (une option qui est marrante au début mais qu’on désactive rapidement, l’application dévorant la batterie à vitesse grand V : il devient nécessaire d’enlever tous les artifices pour la conserver).

Voilà le petit trailer qui avait été montré l’année dernière et qui nous avait bien fait saliver, déjà, à l’époque. Il résume bien la chose.

Le plaisir ou le danger ?

Comme je le disais en en-tête de ce billet, j’ai eu le sourire aux lèvres en voyant tous ces gens, parfois totalement étrangers aux jeux vidéo, parcourir les rues de Paris et des alentours en riant et se chamaillant. Alors oui, il y a déjà des faits divers, des gens qui ont failli mourir, même, les yeux rivés sur leur portable au lieu de regarder là où ils mettaient les pieds. Oui, c’est vrai, comme pour toute activité, si on le fait comme un mongolito, Pokémon GO peut s’avérer dangereux. Tout comme moi qui ai failli, un jour, me prendre un mur en continuant à lire un livre palpitant tout en marchant : je n’ai pas blâmé les livres pour autant.

Sortir, découvrir, s’amuser, voilà bien des notions qui m’apparaissent, en ces temps pas forcément ultra-marrants tous les jours (appréciez l’euphémisme), presque salutaires.

Alors oui, d’aucuns diront qu’une fois de plus nos petites têtes blondes ne vont pas faire la différence entre réalité et fiction. Une nouvelle distraction pour eux, du vent et pas de la réalité, blablabla… À ces gens là, qui ont, effectivement raison, je proposerai de regarder notre « monde réel » qui permet à des actionnaires de décider du sort d’entreprises dont ils n’ont jamais vu les murs ni les employés, de ces politiques qui décident de nos vies alors qu’ils ne savent pas le prix d’un ticket de métro ou d’une baguette de pain, de ces médias qui nous disent d’avoir peur et nous montrent des ennemis illusoires… Quitte à choisir une illusion, autant qu’elle soit marrante et fasse sortir les gens de chez eux.

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Oui, petit blogueur, oui. J’ai encore réussi à dévier. Tu me connais, je suis comme ça. JE SUIS UN INSOUMIIIIIIS, comme disait Serge. 

Bref. Pokémon GO, c’est bien. Joues-y.