PNL – Deux Frères

C’est la seconde fois que l’on parle de PNL ici. La première étant ici.
Leur quatrième album est sorti il y a plus de deux mois. Largement le temps de l’écouter, de laisser reposer, et de se faire un avis.

Explosion de chiffre

 

Les deux frères débarquent donc avec un 4ème album très attendu : Deux Frères. Et, plus que jamais, PNL fait tourner la tête. En chiffre d’abord : les streams explosent tous les records, le dernier clip franchit les 60 millions de vue en trois semaines, et l’album arrive dans le top 10 mondial du classement Bilboard des artistes les plus influents, la semaine de sa sortie. Et ce, toujours sans l’aide d’une major et toujours sans la moindre interview.

Plus loin que le rap ?

Oui, pragmatiquement parlant, voici encore deux gugus en train de se trémousser lentement en beuglant avec leurs voix auto-tunées. Mais peut-être faut-il commencer à se pencher sérieusement sur ce phénomène. Comprendre que derrière ces voix lourdes se cache une véritable poésie. Plus que jamais, on sent une réelle distinction entre les deux  frangins, leurs caractères et leur façon d’aborder les chansons.

Ademo incarne une certaine violence et puissance. Ses cris de bêtes mimées dans les derniers albums réussissent désormais à sortir du simple cadre de la blague pour produire quelque chose d’étrange et de fou. Un mélange entre l’humain et l’animal, revendiqué depuis longtemps par ces types qui se comparent bien souvent à Mowgli. La chanson Blanka témoigne à elle seul de cet état semi-animal, avec un refrain à la fois organique et autotuné. C’est d’ailleurs là que l’on voit toute la maîtrise accumulée de l’auto-tune par PNL. On est face à de vraies expérimentations maîtrisées, qui, loin de donner un côté synthétique et mécaniques, permettent parfois de se rapprocher de quelque chose de terriblement vivant.

N.O.S, le second frangin, s’oriente, quant à lui, vers quelque chose de plus doux, et sentimental. Des phrasés plus simples, plus doux et moins de singeries. C’est par lui que transpire la très forte nostalgie et tristesse de cet album. Paradoxalement, sa voix chantée-hurlée sur le morceau Menace, parait encore plus saisissante. Le duo des Tarterêts expérimente, triture et joue avec le son, la voix, parfois subitement pitchée à l’octave du haut, passée dans un phaser, brouillée, le tout, fait avec un sens certain de la nuance.

En son temps, le rock avait les cris animaliers de Little Richard et la sexualité d’Elvis, N.O.S et Ademo sont en train de reprendre violemment le flambeau. 

Plus loin que la légende ?

Après être entrés dans la légende avec leur précédent album, les frères de PNL se retournent sur eux-même. Il est toujours intéressant d’observer leur ascension vers le sommet en parallèle à cette déprime qui entoure leurs textes et qui tend, peu à peu, à une véritable dépression. Que faire, une fois qu’on est entrée dans la légende, si ce n’est un travail d’introspection. Nombreux sont les morceaux nostalgiques, les liens avec leur père ou encore les références à un temps révolu (Disney, les jeux vidéo rétro, l’enfance, etc.). 

Je vous conseille d’ailleurs d’écouter le très bon podcast de NoFun (et surtout l’avis d’un certain Nicolas Pellion) sur le sujet.

Le rap, c’est bien, mais PNL va aussi chatouiller les autres genres, petit à petit. Electro-funk avec 91’s, ou mélodies hispanisantes avec Au DD. Tout en gardant des morceaux très rap, l’album se permet d’être parfois plus mélodique et accessible. Finalement, plus que le rap, c’est peut-être bien la Pop que PNL est en train de redéfinir.

On se laisse avec Au DD, le clip qui a fait sensation, et près de, désormais, 100 millions de vues.