Ne plus habiter à Paris, c’est s’éloigner d’un foisonnement culturel important. Pendant un temps, on fait les allers-retours banlieue/Paname pour aller écouter, par exemple, des incroyables groupes jazz funk au Caveau des Oubliettes ou des chanteurs ou chanteuses intimistes dans des bar minuscules, et on rentre à pas d’heure avec le Noctilien de 3 heures du matin. Et puis on vieillit, on se pose un peu, et ça devient compliqué de garder le rythme.
Alors on se dirige vers la programmation de sa ville et de ses environs, et on découvre alors d’excellentes initiatives, à l’image notamment du Chouette Chanson Show qui permettait à de nombreux musiciens d’avoir carte blanche pour proposer leurs délires et autres facéties. Si j’ai pu y retrouver des artistes que je connaissais déjà, comme Oldelaf ou Simon Astier, j’ai pu y découvrir d’autres perles, inconnues jusqu’alors.
Emmanuel Urbanet est une de ces perles.
De joyeux débuts
Emmanuel Urbanet débute à la fin des années 90 dans le groupe Les Joyeux Urbains, avec notamment Arnaud Joyet (justement maillon centre du Chouette Chanson Show) et des morceaux complètement fous et géniaux. Avec sa voix grave particulière et son univers bien à lui, on peut s’étonner de ne le voir sortir un album solo que très récemment. Voilà pourtant qu’arrive, nageant entre les eaux troubles de la chanson française, Le Grand Rouquin Blanc. Réaliste et épuré, cet album nous plonge dans notre petit monde quotidien, porté par un arrangement simple et efficace. On pourrait pinailler et souligner que certains morceaux sont un peu creux et ont du mal à sortir la tête de l’eau. Personnellement, je ne les ai pas tous trouvés égaux, mais il est agréable de les réécouter, car ils sont plus complexes qu’il n’y parait.
Une chouquette
On retrouve dans ce bel album de véritables petites pépites, comme « Entre humains » : une véritable ode à l’humanité et la gentillesse. L’histoire d’un papa qui, dans la queue d’une boulangerie, donne les quelques pièces qui manque à son voisin pour acheter une baguette de pain et crée ainsi une spirale de gentillesse. Un morceau simple et élégant, mais emprunt d’une force qui m’a vraiment troublé la première fois que je l’ai écouté, en live. Une sorte d’énorme pied de nez au capitalisme, aussi naïf que beau.
Cette légèreté et insouciance flotte sur tout l’album et lui donne une saveur inimitable. Attention, Le Grand Rouquin Blanc risque bien de vous croquer le cœur et de vous rendre accroc.
Pour en savoir plus sur ce super artiste, n’hésitez pas et allez sur son site !