Mais quel est ce parfum ? Toi aussi, tu la sens, cette nostalgie ambiante ? Cette époque désormais remplie de trentenaires qui se remémorent avec plus ou moins d’exactitude une période lointaine où il faisait apparemment bon vivre ? C’était mieux avant, comme disait Jeanne d’Arc. Une certaine tendance à idéaliser, certes, car les choses n’étaient pas forcément plus belles ni joyeuses dans les années 80/90. Mais l’avenir d’alors, (notre présent en fait, hein) bien que souvent dépeint par des œuvres post-apocalyptique flippantes, était tout de même, dans notre inconscient, plutôt positif. Avec une planète qui souffre de nos erreurs, des prises de conscience d’inégalité sociales, sexuelles et ethniques un peu tardives, on peut tout de même comprendre qu’on aime se réfugier dans le passé, aussi magnifié soit-il.
Une digression introduction une fois de plus trop longue, juste dire que, Zelda : Link’s Awakening, est l’excellent remake 2019 de l’excellent jeu Game Boy de 1993. 26 ans dans les dents. Boum.
Remake agréable
Qu’on ne s’y méprenne pas. Même s’il calque en grande partie le jeu d’origine, sorti sur Game Boy en 1993 puis réédité avec quelques nouveautés sur Game Boy color en 98, cette version 2019 n’a rien d’une pâle copie.
A gauche, en bas, la version originale, en haut, la version sur GBcolor. A droite, la version Switch. Quand même hein ?
La première chose qui saute aux yeux, c’est évidemment l’esthétique léchée du titre, qui opte pour un design d’une mignonitude sans précédent, avec un aspect film d’animation en step motion. Il faut dire que cet opus n’est clairement pas le plus sombre de la série. Avec son côté très onirique, il n’est pourtant pas sans rappeler le très inquiétant Majora’s Mask, avec une réutilisation de différents personnages assez inhabituelle, l’absence de grandes figures comme Zelda ou Ganon et cette impression d’être face à un Zelda alternatif ; mais là ou Majora’s Mask a tout du cauchemar, Link’s Awakening est, quant à lui, plus proche du doux rêve. L’aspect cartoonesque de cet opus, lié à une ambiance très estivale (plage avec des cocotiers, décor insulaire, absence de zone enneigée) donne résolument un côté « feel good » à ce soft.
Peu violent et plutôt facile, les combats sont de petit défouloirs agréables.
Simple et efficace
Qu’on ne se leurre pas : Link’s Awakening est avant tout un jeu Game Boy. On lui excuse alors une durée de vie un peu réduite, une carte du monde ridiculement petite face à celle du grand-frère Breath of the Wild et des bonus assez limités (un éditeur de donjon et c’est à peu près tout, le reste ayant déjà été apporté lors de la réédition DX, sur GB Color).
C’est peu, mais c’est suffisant. Suffisant, car extrêmement bien réalisé, fourmillant de détails mignons, le tout reprenant une histoire bien rodée, autour de la découverte de 8 donjons à explorer, et s’adaptant parfaitement au format salon/nomade que propose la Switch. On oublie le défilement laborieux des différents écrans de la carte de la version Game Boy, avec une map d’un seul tenant et une caméra qui suit notre héros. La réalisation est au niveau et, malgré quelques petits ralentissements parfois, rien de bien méchant. Personnellement, j’ai surtout été gêné, du moins au début, par cet effet de flou qui entoure les bords de l’écran, et donne une impression de grossissement au microscope, réaliste, mais un peu handicapant au départ.
La fameuse scène sur la plage, entre Marine et Link.
Formule gagnante
Le reste n’est qu’une légère poésie, tintée d’aventure, sans grande difficulté, mais peu importe, de recherche, parfois de réflexion, lors de certains donjons, le tout saupoudré par une musique intelligemment réorchestrée.
Plus que jamais, ce Zelda est la mignonnitude incarnée et superbement bien réalisé. Il rebutera peut-être certains par son contenu un peu réduit face à d’autres ténors du genre et ses minuscules soucis techniques, mais sa réalisation parfaite et son esthétique léchée font largement oublier ces quelques défauts.