-Azuria nous voici !
Cette petite colline surplombe la jolie ville d’Azuria et je la domine ainsi, le vent dans les cheveux et dans le nœud de mon bandeau qui flotte au grès des courants d’air. Derrière-moi, mes trois compagnons de route m’attendent, impatients.
-T’as fini de prendre ta pose du héros ?
-Je regarde la ville, la vue est magnifique !
-On l’a tous observée la ville ! Maintenant on aimerait y descendre pour affronter le champion d’arène, Bratin !
-Ne toi pa to pessé Théo, le petit scahabé que tu es doit appende la patiente.
Grégoire donne un coup de coude à Julien et les deux Lyonnais se regardent d’un air effaré. Je redescends du surplomb et revient vers mes amis. Notre marche a duré des heures, mais nous avons pu croiser quelques Pokémons. Cependant, personne n’a réussi à en capturer. Enfin, moi, je n’ai pas essayé. Déjà, le soleil commence à vouloir se cacher derrière les montagnes d’Argenta, très au loin, à l’Ouest de notre position. Il n’est pas encore 20 heures, nous avons bien marché, mais cela m’étonnerait que le Champion d’Arène de la ville soit encore dispo. Après plusieurs minutes de marche dans la ville, nous tombons devant l’arène. Le Gym-Leader, comme tous ceux de Kanto-Jotho est très connu, même en dehors des frontières de la région. Dans les autres pays, rares sont les champions d’arène à avoir une réputation qui dépasse celle de leur région, voire de leur pays. Seules quelques grandes cités, comme Paris avec son très charismatique champion, ont de véritables stars. Les vrais dresseurs connus sont les compétiteurs continentaux et internationaux. Ceux qui représentent leurs pays lors des Coupes du Monde, par exemple. Mais ces types là n’ont pas le même profil que les Gym-Leaders. Un bon champion d’arène ne doit pas tout donner, puisqu’il doit aussi évaluer le niveau de ses opposants et vérifier s’ils méritent ou non le badge. De plus, ils combattent bien plus souvent et doivent donc palier à des faiblesses dans leurs équipes. Voilà pourquoi on affronte souvent les champions d’arène en fin de journée, en espérant tomber sur une équipe de Pokémon fatiguée, ou jouer avec des remplaçants moins bien entraînés. Mais je ne mange pas de ce pain là. Les horaires devant l’établissement sont clairs : 9h00-12h00, 14h00-18h00.
-Rendez-vous demain à 9h00 alors !
-Tu ne préfères pas attendre la fin de la journée Thomas ? Me demande Théo.
-Je veux du spectacle ! Ondine Misty est une des plus grandes spécialistes Eau qui existe, et c’est pas en allant à l’économie que je vais devenir le meilleur !
Je les regarde, une flamme brillant dans les yeux. Seul Grégoire semble partager, dans une certaine mesure, mon excitation. Je lui demande s’il compte affronter le Gym-Leader lui aussi, mais il semble hésiter. Apparemment, l’idée de Théo, qui consiste à affronter le Champion de Jadielle dans un premier temps, a séduit les deux lyonnais. Finalement, nous nous retournons vers le centre-Pokémon afin d’y passer la nuit. Fatigués par cette journée de marche, et une fois notre dîner (de simples sandwichs) avalé, mes amis vont vers leurs chambres. De mon côté, je ne suis pas fatigué, trop excité à l’idée de livrer mon premier combat demain. Un grand parc se trouve à quelques mètres du centre, et je décide de m’y promener. Il doit faire une vingtaine de degré, mais Azuria est bordée de rivières, et l’air est un peu plus frais que d’habitude, du coup, je couvre ma tête avec la capuche de mon sweet vert. Mon incontournable sweet vert dont je ne me sépare presque jamais, et que j’ai en différentes versions chez moi : pulls pour l’hiver, sweets à manches courtes pour le printemps, k-way… Etc. Je m’assois sur un banc et je regarde les étoiles. Je repense à tous les gens qui m’attendent en France. Luna, ma mère, Félix, mes amis du lycée qui ne sont pas partis avec moi, cet imbécile de Maxime, Flitou, mon cousin, Mathieu, qui habite à la campagne et que nous allons voir, lui et ses parents, régulièrement avec ma mère, et le professeur Durand, un ami de mon père, lui aussi, qui voyage à travers le monde pour ses recherches sur les Pokémons… J’en oublie certains, je repense à d’autres, et puis, peu à peu, un étrange sentiment m’envahit. Je me sens seul, étrangement seul. L’impression d’être inexistant dans ce monde immense. L’impression d’être inconnu de tous, inutile, incapable de partager ce que je ressens, incapable de ressentir ce que ressentent les autres. Je ne suis pourtant pas du genre à me poser mille questions, pas du genre à être sentimental, nostalgique et trop à l’écoute de mes émotions. Mais soudainement, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose, que je ne suis pas complet. Je ferme les yeux et respire profondément. Je les rouvre. Lentement et méthodiquement, je sors toutes les pokéballs de ma ceinture et les places sur le banc à côté de moi. Puis j’appelle ensuite tous mes Pokémons. Reptincel, Airmure, Carabaffe, Minidraco, Tygnon et Kadabra. Il est impossible de comprendre leur langage, mais très facile de savoir ce qu’ils veulent dire. Quant à eux, ils me comprennent parfaitement. Facile de leur ré-expliquer rapidement la situation : où nous sommes, ce que nous faisons, et, petite nouveauté : le combat que nous risquons de mener demain, face au Gym-Leader d’Azuria. Normalement, les combats officiels de Kanto-Johto sont à base de trois Pokémons. Contrairement à la France, où l’on alterne les combats « à point » avec les combats « total », ici, tous les combats ou presque se font selon la deuxième règle. A savoir que le Pokémon qui gagne son premier round reste pour celui d’après. Lors d’un match à point, le Pokémon victorieux ne rejoue pas, et un point est attribué au vainqueur. Lors du second combat, deux nouveaux Pokémons arrivent. C’est souvent la règle officielle pour les combats dans l’hexagone. Enfin bref… je sais à peu près à quoi m’attendre demain. Un combat aquatique, dans une arène-piscine, ce qui risque fort d’être compliqué pour un Pokémon comme Reptincel. Je leur fait part de mes idées, mes projets, mes stratégies, nouvelles et anciennes, et ceux-ci m’écoutent gentiment, parfois en me câlinant, parfois en ne m’écoutant pas et en allant jouer. Cette longue conversation avec mes petits amis me revigore, et après une longue heure à discuter avec eux, je retourne me coucher. Les trois autres dorment déjà, et je ne tarde pas à les imiter.