On en avait parlé il y a plusieurs années : The Wolf Among Us était un sacré bon jeu. Dans quelques mois sortira ENFIN sa suite, et ça, c’est cool. De quoi se replonger dans l’univers très intéressant du comic Fables, dont il est tiré.
Il était une fois
Après avoir fui leurs royaumes, chassés par un mystérieux agresseur, les personnages des fables d’Andersen et des frères Grimm se réfugient dans notre monde. Une micro-société s’y est mise en place depuis des centaines d’années, permettant de cacher ces « Fables », aux yeux des humains normaux, les « Communs ».
Bien entendu, avec des personnages hauts en couleur tels que Barbe Bleue, la Belle et la Bête ou encore le Prince pas vraiment Charmant, ce fragile équilibre est régulièrement mis en péril. Deux personnes veillent au bon fonctionnement de cette communauté et c’est donc Blanche-Neige qui tente de commander ce petit monde, épaulée par l’inspecteur Bigby, chargé de maintenir l’ordre, et qui n’est rien d’autre que le Grand Méchant Loup !
Blanche-Neige, véritable cheffe de Fableville
Bigby n’a pas forcément le bon rôle en tant que Shériff…
Dans Fables, les personnages des contes de notre enfance prennent un tout autre visage. Un monde où les héros montrent leurs travers et où les méchants se révèlent parfois sous un meilleur jour. Ici, le Grand Méchant Loup semble avoir redoré son blason et, même si ses méthodes sont rudes, il est clairement du bon côté de la balance, ce qui n’est pas le cas de héros que l’on pensait, de prime abord, plus sympathiques.
Magueunifique
Le scénario est géré d’une main de maître par Bill Willingham. Il réussit à la fois à créer un univers tangible basé sur les contes de notre enfance, donner une véritable personnalité à chaque protagoniste, mais arrive aussi à tisser un fil rouge tout au long du récit, tout en proposant parfois de grands écarts temporels. Les Fables étant, en effet, confinés dans notre monde depuis des siècles, certaines histoires relatent d’évènements bien plus anciens : le Grand Méchant Loup pendant la Seconde Guerre Mondiale, Jack (celui du Haricot Magique) pendant la guerre de sécessions, etc.
L’univers est cohérent et prend rapidement vie, notamment grâce au trait extraordinaire de Mark Buckingham et Lan Medina. Chaque couverture est une véritable œuvre d’art faite par James Jean : dont le style oscille entre photoréalisme et inspiration dans l’Art Nouveau (notamment Alfons Mucha).
Bref, c’est plein de vie, c’est beau, même si certains passages manquent un peu de finesse et si d’autres illustrateurs, qui remplacent parfois les principaux, n’ont pas forcément tous le même talent. Un problème que l’on retrouve régulièrement dans les séries de comics.
God Bless America
Mais même si Fables est une série de qualité, certains esprits chagrins, dont le mien, ne pourront que froncer les sourcils face à certaines valeurs parfois assez nauséabondes qui y sont véhiculées plus ou moins volontairement.
Ainsi, les Fables ont organisé une société extrêmement peu philanthropique, où seuls les plus riches peuvent avoir un semblant de vie normale. Les Fables « non-humains » n’ayant pas assez d’argent pour s’acheter un sort pour paraître normaux doivent vivre dans une ferme, à l’autre bout de l’état. Cette ferme est d’ailleurs l’objet de tout un gros pan du début de l’histoire, reprenant la fable de la Ferme des Animaux de George Orwell, elle-même déjà anti-communiste, mais sans véritable finesse. La gestion de Fableville par Blanche-Neige, qui considère les américains comme des assistés (un comble non ?) par rapport aux Fables est un exemple frappant de l’ambiance qui règne dans le récit, de même que quelques remarques désinvoltes de Bigby face à la France.
Je n’ai pas encore terminé la série, et peut-être que celle-ci met de l’eau dans son vin par la suite, mais le côté ultra patriotique me rebute souvent dans sa lecture, notamment lorsque l’on retrouve ses héros, pourtant complètement détaché de l’histoire de notre monde, drapés soudainement d’un étrange patriotisme américain (masqué et expliqué par exemple, par le besoin de « conserver son territoire » pour le Grand Méchant Loup : mouais…) alors qu’ils ne sont pas de ce monde.
Bref, ce gros bémol fait que parfois, au bout d’un moment, le livre me tombe des mains. Ce qui est bien dommage, car nous somme tout de même devant une série de grande qualité, qu’il faut savoir prendre, je pense, avec recul.
Que cela ne ternisse pas trop l’avis de cette série aussi originale que captivante.
Ça a l’air intéressant. Je m’y essayerait peut être avant de me lancer dans les jeux.