Après trois épisodes (Playstation 2 et Playstation 3 sans compter les spin-off sur portables), la série God of War avait posé les bases.
Et quelles bases ! Celles d’un beat them all survitaminé, qui arrache la gueule à bien des égards, graphiquement, musicalement, scénaristiquement et physiquement (surtout aux ennemis rencontrés, en fait). On y suivait les tribulations de Kratos, ancien guerrier spartiate qui avait quelques comptes à régler avec Arès, dieu de la guerre. Je résume rapidos, parce que le scénar est un prétexte à la destruction pure et simple de l’Olympe. Ouais, si dans le premier God of War il est question de vengeance contre Arès, le second et le troisième volets mettent en avant la revanche plus générale de Kratos (on apprend d’ailleurs qu’il est le fils de Zeus, donc dieu, lui-aussi) pour démolir tout le panthéon grec.
On sent qu’il est énervé. Il devrait prendre un petit Stresam.
Désolé pour le spoil des anciens God of War, mais il y a procuration depuis le temps qu’ils sont sortis.
Ah, au fait, une fois qu’il a tué tous les dieux de l’Olympe, en terminant par Zeus bien sûr, Kratos se suicide. Bah oui, il déteste tellement les dieux, qu’il faut bien éliminer le dernier restant, à savoir lui-même.
Nouveau départ
God of War (car tel est son nom : il ne s’appelle pas God of War 4), nous montre pourtant le même Kratos, certainement des années voire des siècles plus tard, visiblement toujours en vie. Finie la Grèce et ses rivages ensoleillés, finies les promenades torse nu et les balades sur la plage. Le lieu a changé, le héros aussi. Place à une forêt glaciale et à un Kratos plus calme, avec une grosse barbe et un peu plus de vêtements que d’habitude.
Il faut savoir vivre avec son temps et devenir un bon hipster.
Le pitch de départ est rapidement mis en place. Notre héros a un fils, Atreus. Il avait également une femme, mais celle-ci est décédée, et on en sait pas vraiment plus sur elle. Son dernier souhait était que ses cendres soient dispersées sur le plus haut sommet des environs. Cela servira d’excuse à un petit rite initiatique pour Atreus et une belle aventure pour le joueur.
« Allez viens, on va disperser les cendres de maman ce week-end. »
Parce que tu t’imagines bien, petit joueur coquin aux mains de braise, que les choses vont être un poil plus compliquées : Kratos a beau avoir fui la violence, celle-ci revient à lui comme un boomerang ! Après avoir massacré la mythologie Grecque, il est temps pour notre divin chauve de s’attaquer à la mythologie Nordique et d’avoir une petite conversation avec Thor, Odin et toute la clique de blondinets aux muscles saillants.
Des rapports familiaux compliqués…
Nouveau départ 2
Ce nouveau God of War surprend par son approche scénaristique, sa réalisation, mais aussi son gameplay. Primo : la caméra est plus proche de Kratos, l’action, légèrement plus lente, et la baston à outrance se marie à de grosses bouchées de RPG. Désormais, même si la castagne est toujours au rendez-vous, on prend du temps à collecter diverses ressources et à récupérer différents items (du plus commun au plus rare) afin de construire des armures, mais aussi des composants pour la nouvelle arme de Kratos – une hache de glace qui revient en main, un peu comme Mjöllnir, le marteau de Thor -. On débloque également des capacités, au fur et à mesure, avec des points d’expérience. Bref, notre dieu sparte est toujours aussi puissant, mais il ne tient qu’à nous de farmer Midgard et consorts en long et en large pour trouver divers objets qui le rendront encore plus balèze. Car, au fait, les ennemis ont des niveaux ! Et si certains se farcissent rapidement, d’autres sont loin d’être une promenade de santé.
Un dieu chauve, une tête coupée qui fait des blagues, un serpent géant et un enfant archer. La base.
Niveau gameplay, il faut également compter sur l’aide, bien loin d’être anecdotique, d’Atreus, le fils de Kratos, qui manipule l’arc avec beaucoup de style et qui devient rapidement, grâce à l’usage d’un seul bouton (carré), totalement indispensable dans les combats. Bref, chaque baston offre un vrai moment palpitant car le jeu est riche et les actions nombreuses. On ne s’ennuie à aucun moment et on alterne les phases de recherche et les phases de combat avec kiffance.
Nouveau départ 3
Nouveau scénar’, nouveau gameplay, et quoi d’autres ? Et bien, des graphismes qui tuent la gueule, bien sûr, et une bande-son aux petits oignons, ça, c’est la base de tout bon jeu. Et God of War est un bon jeu. Un excellent jeu, même. Ce qui est bien plus surprenant, c’est son aspect résolument touchant, qui rend Kratos plus humain, ce qui, pour un dieu, est un comble. Sa relation complexe avec Atreus est des plus intéressantes (et oui, je l’avoue, en tant que jeune papa, elle n’a pas manqué d’avoir un bel écho sur moi) et le jeu n’est pas des plus manichéens. Si on pouvait considérer les premiers God of War comme de la série B, où la seule sensibilité de Kratos était d’être constamment énervé, en passant ses nerfs sur les dieux de l’Olympe, là, on est bien loin du même constat. Notre héros semble fatigué. Pas physiquement, non, il est toujours ultra costaud et capable de soulever des montagnes, mais psychologiquement il a pris un coup. On sent en lui l’envie de s’éloigner du conflit, d’épargner ce qu’il a vécu à son fils et de lui cacher, par là-même, son identité divine et même ses origines. L’envie d’en finir avec son destin de dieu qui défonce d’autres dieux. Se retrouver en forêt à couper du bois, pêcher des poissons et manger vegan. Un vrai hipster.
Allez, blague à part, pour tout te dire, petit Gérard, ce jeu est vraiment poignant, à plus d’un titre, et la fin (j’aurai mis plus d’un mois, à un rythme peu soutenu, il faut le dire pour la voir) confirme bien ce côté surprenant. Alors oui, ne t’inquiète pas, tu vas te farcir des ennemis immenses, tu vas décapiter des monstres, les ouvrir en deux à la main et te mettre en rage spartiate et le sang va couler. Mais peut-être que dans cette marée d’hémoglobine et de violence? tu verseras une petite larme d’émotion.