La passion de courir ?

Tiens, petit billet d’humeur.

J’ai dis, et je le redis, avec conviction : je n’ai pas de passion. Bon, si, mes enfants, bien sûr. Mais de manière générale, je n’arrive pas à m’investir dans quelque chose d’assez intense pour le définir comme une « passion ». Dans ma définition du mot, il y a d’ailleurs une connotation péjorative, puisque la passion peut être hors de contrôle, elle devient nécessaire, vitale, et donc, traduit peut-être un déséquilibre ? Ou bien en ai-je simplement peur parce que je n’en ai pas ?

Je peux m’assoir sur le divan et vous parler encore un peu docteur ? Il reste encore 20 minutes de séance ? Vous prenez la carte vitale ?

Bref.

Depuis que je cours en club, il se pourrait bien, je dis bien « pourrait » que la course à pied soit en passe de ressembler, de près ou de loin, à une passion. Le genre de truc qui me donne envie de me lever tôt, sur lequel je reviens très régulièrement, où je me documente beaucoup, dont je parle souvent… et que j’imagine avant de m’endormir, ouais.


Et les jeuvidéosse et la musique alors, CaliKen ?


Oui, bah non. C’est pas pareil. Il y a quelque chose de viscéral dans la course à pied. Une sorte de relation étrange, qui me fait me sentir à la fois mal pendant, bien après et qui apporte une sorte de sens simple à une vie trop complexe, et qui n’en finit pas de me questionner. L’art et la culture, ce sont mes dadas, bien sûr, de part mon boulot et mes appétences, mais, ils ne font que nous faire réfléchir encore plus, nous aide à nous évader et, j’ai l’impression que la question fondamentale : le putain de sens de notre putain de vie, ne fait que s’éloigner à chaque découverte musicale, à chaque visite d’exposition. C’est beau mais ça n’a finalement aucun sens… le monde n’a aucun sens. C’est sublimement tragique.

Mais quand je cours, quand j’arrive sur la ligne d’arrivée après un 400 mètres pleine balle, que je m’écroule dans l’herbe en tapant dans le poing, en guise de félicitations, de mes compagnons de courses, soudain, tout devient plus clair. J’ai retrouvé l’essence de qui je suis intrinsèquement. Un chasseur-cueilleur du paléolithique qui fuit pour échapper à un prédateur ou pour attraper une proie. Mon cœur bat la chamade, mon corps me fait mal : il existe, et je sais ce que je suis, loin de l’oisiveté de la vie. J’ai été jusqu’au bout de l’effort, dans un plaisir que je trouve parfois plus intense que le coït… j’ai pas honte de te le dire ma petite Micheline.

Quand je vois ce petit graphique que j’ai fait, je me dis aussi, que mince, j’ai progressé. Et ça fait du bien de voir qu’on peut évoluer, réussir là où l’on ne pensait pas pouvoir, devenir un peu meilleur, du moins physiquement. Parce que aussi, faut bien le dire, le sport, c’est archi bon pour la santé.

Je divague, je m’évade dans mes pensées, mais déjà, c’est mon blog, hein, et ensuite, j’ai un peu raison. Relève le menton, regarde-moi ! Tu le sais que j’ai un peu raison ?

Courir, c’est vivre ; vivre, c’est courir, et c’est un peu ma passion en ce moment. Y aurait-il un lien avec la déréalisation ? Je ne sais pas, mais je pense, étrangement, à ce superbe épisode d’Animatrix, et oui, on est en plein dedans :