Les bonnes choses ont une fin. Les très bonnes choses également. À la fin du mois, l’Abracadabar fermera ses portes. Je suis ému et un brin nostalgique : ce bar a eu un impact considérable sur beaucoup de monde et a permis de très belles choses.
(Si tu n’aimes pas lire, une vidéo récapitulative de moins de 5 minutes est tout en bas du billet)
Les débuts
Mes premiers souvenirs de l’Abracadabar remontent à fin 2010. J’avais formé mon groupe de funk, les Geckos, quelques mois plus tôt. Notre seul concert précédent avait eu lieu dans un couscous ! L’Abracadabar était un bar qui proposait une vraie scène, avec un ingé-son, un public d’habitués : pour nous, c’était un grand pas en avant. En plus, on partageait la scène avec nos amis du duo Deux Gars ! L’équipe actuelle n’était pas encore en place, elle n’arrivera qu’en début 2013. Je me souviens d’une ambiance un peu cra-cra et foutrac, mais déjà, l’atmosphère unique de ce bar était un peu là. En quelques mois, l’Abracadabar est devenu notre bar principal, et on y a enchaîné les concerts.
Quelques affiches, en vrac.
Nouvelle équipe
Didier, le patron
La nouvelle équipe arrive en 2013. Un ingé son génial, Le Chakall, qui deviendra rapidement un ami, Thérésa, la programmatrice que je harcèle régulièrement pour de nouvelles dates, plus tard, Pablo, le barman et ses shots de l’enfer, et un patron, Didier, qui réussi à donner une vraie âme au bar. Le fameux logo du bar apparaît enfin sur la scène, des petits changements apparaissent, la programmation devient très éclectique et le bar devient un véritable petit coin de culture. Il ne propose pas que des concerts, mais aussi des expos, des soirées à thèmes, des sets DJ, etc. Les meilleures années de l’Abracadabar sont là.
DS in Paris Musicales
En 2014, après plusieurs concerts avec les Geckos, je commence à me sentir vraiment bien dans ce lieu. Une idée germe dans ma petite tête depuis quelques temps. J’organise les DS in Paris, qui rassemblent toutes les semaines, des tonnes de joueurs de Nintendo DS et 3DS et je connais pas mal de musiciens. Pourquoi ne pas mélanger le tout et faire une sorte de scène musicale geek ?
En Juillet 2014 a lieu la première DS in Paris Musicale, et c’est tout naturellement à l’Abracadabar qu’elle aura lieu, comme toutes celles qui suivront. Le bar devient LE QG de nos soirées musicales. Des groupes geeks s’y rencontrent, et des situations incroyables s’y produisent.
Au total, plus de 20 DS in Paris Musicales auront eu lieu à l’Abracadabar. Rebaptisées plus tard Geek Muzic, la dernière en date a eu lieu le 17 Octobre dernier. Ces soirées auront été le lieu de rencontres incroyables, de naissances de groupes et autres moments fous. Je te raconte d’ailleurs une anecdote folle à la fin de ce billet.
En solo mais pas que…
Vers 2015, je saute le pas et je tente mon premier concert seul à la guitare… à l’Abracadabar, bien sûr ! Je m’y sens bien, je connais l’équipe, et je sais que c’est l’endroit où je pourrai donner le meilleur de moi-même. Je réitère plusieurs fois l’expérience, avec plaisir et, j’espère, succès. D’autres expériences sont tentés, des partages de scène avec des amis musiciens, comme Jérémy, Marie, Dimitri et j’en oublie certainement, des duo avec ma chère et tendre et un projet de nouveau groupe, Eyf, il y a quelques mois. L’Abracadabar devient un laboratoire de découverte, de rencontres et de bons temps passés.
Hasard, anecdotes et rencontres
J’adore cette photo et ce texte. Ils sont tellement vrais ! J’ai tellement d’anecdotes à raconter que je pourrai noircir des pages et de pages sans m’arrêter. Les DS in Paris Musicales ont, par exemple, permis à de nombreux groupes geeks de se rencontrer et de monter des projets. L’Abracadabar m’a vu dans des états pitoyables, et je me souviens (presque) d’une soirée trop arrosée qui a failli m’achever. Je me souviens de cette bière pas chère, le Coq Hardi, et pas mauvaise. Ce bar était si peu cher, et en plus, il prenait la carte bleu dès 1 euro, de quoi finir ivre mort passer une bonne soirée ! Je me souviens de MC Jean Gabin qui venait zoner en terrasse certains soirs ! Je me souviens avoir vu avec une petite émotion un des murs du bar recouvert d’affiches des groupes étant passés, dont de nombreuses avec ma tronche dessus.
Mais l’anecdote qui me parait la plus folle est la suivante :
Depuis des années, je suivais sur Dailymotion (donc oui, ça date) un type qui jouait drôlement bien de la guitare. Il s’appelait DocteurPingouin et reprenait plein de morceaux de Disney en jazz manouche. Je l’avais découvert en cherchant les accords des Snorky. Bref. Ce type était devenu une sorte de légende pour moi, j’adorais ses vidéos. Une fois les DS in Paris Musicales lancées, j’ai cherché par tous les moyens à le contacter pour qu’il vienne y jouer. Il correspondait tout à fait à l’ambiance ! Malheureusement, je n’avais aucun téléphone, aucune adresse mail, aucun compte Facebook pour le contacter. J’avais donc baissé les bras…
Un jour, lors d’une DS in Paris Musicale, accoudée au comptoir, je discute avec des inconnus, très sympas. L’un deux me dit « mais cette soirée, c’est trop cool, j’ai mon pote qui fait de la musique, je suis sûr qu’il irait trop bien. » Je réponds que, pourquoi pas. Le type appelle son pote en question, le gars arrive, timidement. On discute un peu. Mon cerveau, ralenti par le Coq Hardi, met du temps à réagir. En plein milieu de la discussion, je me rends compte qu’il s’agit de DocteurPingouin ! COMMENT EST-CE POSSIBLE ? Le hasard est totalement fou. Nous accrochons, je lui propose de jouer pour la prochaine DS in Paris Musicale, il accepte volontiers, et il fera d’ailleurs un tabac.
L’Abracadabar était capable de magie de ce genre.
Show must go on
Adieu, donc, Abracadabar. Lieu de culture, de rencontres et de folie. Je ne peux que te rendre cet hommage et souhaiter à ton équipe de quoi trouver d’autres projets aussi géniaux que tu le fus. Presque 10 ans que je te connais, bordel…
En attendant, je te laisse sur cette petite vidéo résumant mon expérience de l’Abracadabar. Des débuts des Geckos, en 2010, jusqu’aux dernières Geek Muzik, en 2018.
La magie continuera toujours, car, comme disait Claude François : show must go on.