(La difficulté que j’ai eu pour orthographier correctement le titre de ce bouquin !)
BREF !
Tu as déjà ressenti ce moment étrange, petit lecteur, lorsque tu décides de progresser dans un domaine ? Un domaine, je précise, que tu pensais justement maîtriser, ou bien que tu connaissais un tant soit peu. Il y a cette étape où, l’expérience que tu acquiers te permets surtout de te rendre compte qu’il te reste une infinité de choses à découvrir. Un peu comme si l’apprentissage t’enlevait des œillères. Tu as juste appris que tu n’avais rien appris. Le gouffre, le néant, le vide interstellaire. Et bien je ressens ça. Fort. Envers la musique.
La musique, oui, la musique
J’ai toujours envisagé la musique de manière totalement subjective. Aucun intérêt pour moi d’essayer de trouver une fausse objectivité. La musique te prend au tripe, et mon rapport à elle est d’ordre personnel. Dans les faits, c’est un peu plus complexe, car on peut parfois se laisser influencer par le goût des autres. Toujours est-il que mon rapport à la musique est égocentré. Je me fiche de ce qui l’entoure. Je me fiche du groupe, je me fiche de son histoire, de l’époque de sortie de l’album, des penchants politiques du chanteur, de la révolution qu’a entraîné ou non le morceau ou le style en question. Ces types là sont sortis 18 ans après les Beatles et n’ont rien apporté de nouveau, donc tu les trouves nuls ? Moi j’aime bien, et je me fiche du résultat, seul mon plaisir compte.
Du coup, j’ai des immenses lacunes en terme d’histoire de la musique. Et, envisager la zic d’une manière plus empirique m’était forcément nécessaire pour mieux comprendre son histoire et, de fait, m’aider à acquérir plus de bagage, notamment pour mon taff.
J’ai donc lu Awopbopaloobop Alopbamboom : l’âge d’or du rock, par Nik Cohn.
L’esprit rock
Ce bouquin a été écrit au début des années 70, alors que Nik Cohn, jeune journaliste âgé d’à peine la vingtaine, prend conscience de la fin d’une époque : celle du Rock des débuts. En quelques chapitres, et sur un ton bien à lui, il nous présente les artistes et les groupes qui ont amené le Rock et, plus généralement, la Pop, dans nos oreilles. Elvis, les Beatles, Bob Dylan, etc, un vrai tour de table de ces types à la fois géniaux et souvent crétins, qui ont fait avancer la pop à pas de géant. Le franc parlé de l’auteur et sa vision du rock sont absolument délicieux. Tout l’intérêt de cette lecture est finalement de se rendre compte que le rock était cool pendant toute cette période où les artistes faisaient pratiquement n’importe quoi et semblaient être de parfaits imbéciles. Tant pis si le chanteur n’était pas bon, si les guitaristes étaient moyens, si les paroles étaient au raz des pâquerettes : ce qui importait, c’était l’énergie, la puissance et la folie. Dès lors que le rock est devenu sérieux, il a perdu son essence même. Du moins, c’est la vision de Cohn.
Piger qui a apporté quoi, qui a révolutionné le genre, dans quel environnement social et culturel le rock est apparu : voilà où réside tout l’intérêt de ce très bon bouquin, aussi intéressant que sympa à lire.