Artiste…
J’ai toujours un problème à me définir comme tel. Pourtant, dans l’absolu, si l’on prend une des (nombreuses) définitions du Larousse, celle-ci me correspond plutôt : Personne qui a le sens de la beauté et est capable de créer une œuvre d’art. Bon, le sens de la beauté, c’est subjectif, mais une chanson, c’est bien censée être une œuvre, nan ? On a également : Personne qui interprète des œuvres théâtrales, cinématographiques, musicales ou chorégraphiques… donc, même la simple interprétation musicale me définit, à priori, comme un artiste. Soit… Je n’en vis pas, mais assumons-le : je suis un artiste. Après tout, je compose depuis tout petit, mes premières maquettes datent d’il y a 15 ans, j’ai déjà rempli des petits bars, j’ai gagné de l’argent grâce à mes chansons et des gens ont dansé sur des œuvres dans lesquelles je me suis investi à plus de 100%… Tout ça suffit à combler cette envie de partage qui est, pour moi, la pièce principale du moteur de ce qui fait un artiste. Parlons-en de ce moteur d’ailleurs… de ce qui nous fait, de ce qui ME fait avancer.
Je suis pas très bon au saxo, mais ça fait stylé d’en faire, alors j’essaie de ne pas perdre la main (enfin, les joues et le souffle surtout)
Les émotions comme moteur
Si on devait faire une généralité, ou si, du moins, je devais faire un constat en partant de ma propre expérience, je dirais que l’artiste ne crée que lorsqu’il a de la matière pour. Inspiration, imagination, créativité, appelez ça comme vous voulez, mais il me faut du carburant pour mettre en marche la machine à chansons. Et comme dans tout bon moteur, la réaction chimique est plutôt instable et basée sur un mélange de sentiments hautement explosifs. Bref, l’artiste est torturé, et plus il est torturé, plus il produit. Plus ses émotions sont à vif, plus la chanson sera « vraie » et touchera l’auditoire, et encore plus si celui-ci se retrouve dedans. Cela n’exclut pas pour autant l’exception qui confirme la règle, le coup de poker, la compo faite en deux minutes (ou du moins en une nuit), avec un peu d’énergie et de chance et hop, tout le monde kiffe, c’est un tube, et on se retrouve avec cette sorte d’enfant illégitime, qui n’est pas né, comme ses frères et sœurs, dans la douleur et les cris. Tant pis, on l’aime quand même, mais on ne l’assume pas toujours. Pour ceux qui connaissent un peu mes créations musicales, c’est le cas pour une de mes chansons les plus « connues », à savoir T.F, qui a tout de même, à l’époque, dépassé les 25.000 vues sur Dailymotion, alors qu’il s’agissait avant tout d’un GROS délire !
Doit on se travestir pour partager sa musique ? Doit-on être nous-même ? Un sujet dont j’aurais également pu parler… Ou alors non, juste histoire de mettre cette photo d’il y a mille ans.
Implication maximuuuuum
Mais qu’on se le dise : les chansons les plus à même d’avoir un véritable potentiel, les créations pour lesquelles je suis prêt à m’investir à 200%, que ce soit pour leur donner une chance, un aspect le plus pro possible, les partager et les faire connaître au plus grand nombre sont celles où j’ai réellement donné de ma personne. Et je n’arrive pas à créer si je ne vis pas la chanson. L’équation est simple, plus il y a de vie dans la chanson, plus celle-ci a des chances d’être réussie. Il en va ainsi de Marque du Passé, qui traite du décès de mon grand-père, et il en va aussi, évidemment, de toutes les chansons d’amour, joyeuses ou tristes, que j’ai pu composer (et elles sont nombreuses !).
Plus t’es torturé, mieux c’est
C’est là où le bas blesse, finalement, parce que plus les émotions sont fortes, plus la compo le devient également. Parce que composer, chanter, s’investir dans la musique… tout ça a un puissant effet cathartique, qui permet de mettre un nom et une réalité à une peine et mieux l’appréhender, voire la combattre. Et un musicos, pour combattre, il utilise ses armes : la musique. La boucle est bouclée. Du coup, inversement, et question logique : peut-on produire des œuvres dignes d’intérêt alors que l’on va bien ? L’expérience me prouve que ma productivité et la qualité (toute relative bien sûr) de mes productions sont au beau fixe lorsque que moi, justement, je n’y suis pas, au beau fixe. Inversement, j’ai eu du mal à composer lorsque tout allait bien. Propos à mesurer tout de même, car le fait de se sentir « stable » donne également une certaine énergie, différente, moins créatrice, mais qui fait également avancer. La création d’un groupe, la mise au point d’un morceau existant, l’enregistrement d’une maquette, trouver des dates de concert… toutes ces choses, qui font parties intégrante de la « vie » d’un « artiste », se gèrent plus facilement avec un bon moral. Peut-être aussi parce qu’elles ont plus trait avec le réel et la vie quotidienne, tandis que la composition, l’écriture et la création pure sont des moments d’imagination assez éloignés des réalités de ce monde et de son côté matérialiste.
Alors camarade, tu choisis d’être torturé et de créer de belles choses ? Ou d’être heureux et de ne rien produire ? Allez, concluons par une réflexion qui pèse le pour et le contre, ce qui plait assez bien à la Balance que je suis, et disons que la vie est faite de différentes phases, et que celles-ci sont complémentaires. Douille un peu pour créer, kiffe beaucoup pour diffuser. Le zicos vit et vivra toujours un peu dans son monde. Et puis, n’oublions pas : entre artiste et autiste, il n’y a qu’une lettre de différence…
Je pensais pareil avant. Et depuis le NanoWrimo de cette année, je me rends compte qu’on peut créer sans pour autant être « instable ».
C’est sûrement plus difficile en effet pour les chansons perso. Mais je pense que la stabilité apporte justement plus de profondeur, de justesse et de distance à des évènements ou sensations qui nous ont bouffé pendant qu’on était instable.
C’est mon avis, c’est mon vécu. Chacun est différent. Mais je comprend ta question et la réponse est difficile à trouver.
Quand j’y réfléchis objectivement je ne sais vraiment pas… Parfois, j’ai écris des choses à l’état de projet alors que ça allait, et puis je les redécouvre quand ça ne va pas et elles ont une autre saveur qui me donnent envie de les finaliser…
Tu as peut-être raison, mais il faut avoir connu l’instabilité pour savoir gérer la stabilité 🙂
Pas entièrement d’accord avec toi. La plupart des « œuvres » que j’ai réalisées (dessin, texte, musique, montage photo) l’ont certes été dans des moments puissants, et souvent d’instabilité. Pour autant, je ne les considère pas tous comme des moments torturés. Quand je relis certains textes de mon vieux blog, j’arrive à trouver autant de puissance dans les articles tristes (traitant de rupture, de manque de temps, de stress, et autre joies de la vie quotidiennes) que dans les articles heureux (tomber amoureux, rêver, se sentir vivant de manière générale…).
Ce sont très certainement des moments riches en matières et en émotions fortes. Mais « torturé » n’est pas le bon adjectif :). Par exemple, côté musical, mes envies de chanter, jouer, composer, m’arrivent généralement en écoutant autre chose (je me suis mis récemment à la chiptune en réécoutant tes morceaux ;)). Après, le thème de la musique dépend en effet de l’état dans lequel je me trouve. J’imagine mal accoucher d’un morceau comme « Nuit étoilée » tout de suite après avoir trouvé un job, l’amour de ma vie et gagné au loto. De même, je m’imagine mal créer de morceaux un peu funky sans un peu de bonne humeur, ne serait-ce que pour avoir du peps.
À mon sens, ce n’est pas tant l’état torturé qui permet de créer des œuvres profondes, mais l’état de concentration dans lequel il peut nous plonger.
Un mec torturé va avoir tendance à s’isoler, à se renfermer plus ou moins sur soi-même, et a avoir plus de temps pour développer sa réflexion. Ça se fait d’ailleurs plus ou moins automatiquement. Je pense que ça aide à la composition/création en tout genre. Dans le même ordre, les texte que j’écris ou la musique que je compose vont aussi loin que je parviens à « rester concentré ». Généralement, plus j’avance et plus ma concentration est aigüe. Plus j’avance et plus j’avance :). Parce que je suis isolé et consacré à un projet, ce qui me laisse du temps pour ressasser mes idées encore et encore jusqu’à les polir et à pouvoir les agencer proprement toutes ensembles. Le tout pour donner lieu à une œuvre plus puissante.
Comme l’a dit RiyeT, ça n’est probablement pas la réponse à ta question non plus. Mais je pense que c’en est un élément.
Je note vos avis, je note… Vous soulevez des idées et des avis super intéressants auxquels je n’avais pas pensé…
J’ai trouvé quelques autres réponses intéressantes dans cet article http://www.huffingtonpost.fr/2014/03/11/la-creativite-18-choses-gens-creatifs_n_4935621.html
Bonne lecture !