On en parle beaucoup en ce moment du mariage gay. Des propos parfois extrêmes, d’un côté comme de l’autre, et puis, beaucoup de réflexions de ma part. Allons-y.
T’es pour ou t’es contre ? me demanderaient certains, la bave aux lèvres. Bah oui, n’oublions pas que nous sommes dans une société qui prône le caricaturisme. On est forcément complètement pour le mariage gay, on a plein de potes homos et on est super ouvert d’esprit, ou alors, on est un catholique ultra extrémiste anti-avortement qui est contre. Il n’y a pas d’alternatives. C’est impossible, ok ? REGARDE-MOI DANS LES YEUX, C’EST IMPOSSIBLE.
Sauf que, et je ne pense évidemment pas être le seul, il y a un nombre de personnes qui n’a pas vraiment d’avis sur la question, noyé dans le flot du débat. Entre ceux qui manifestent contre avec des arguments borderline, et ceux qui font aussi preuve parfois d’intolérance et ne comprennent pas qu’on puisse être contre, et je vais revenir et m’expliquer sur ce point. Mais tout d’abord, je vais tenter de clarifier un peu la situation, histoire que tout devienne clair, surtout pour moi, qui essaye de piger un peu les réactions des uns et des autres.
L’amour c’est quoi ?
S’il y a bien quelque chose qui dépasse, selon moi, les standards scientifiques, c’est bien l’Amour. Et pour prouver ça, j’y mets un grand A. On passera rapidement sur l’origine naturelle de la reproduction, car j’aimerais surtout parler de ce qui, à mon sens, dépasse un peu le côté animal, et rejoint un aspect un peu surnaturel. Qu’est-ce qui nous pousse à aimer quelqu’un, à imaginer des choses romantiques, à vouloir partager notre vie avec, à se sentir bien avec lui, à vouloir fonder quelque chose avec cette personne qu’on aime, et partager ses souvenirs, son présent et son futur ? Peut-on mesurer l’amour, peut-on le quantifier ? Évidemment pas, et c’est justement ça qui le rend beau. Certains ne croient pas au grand Amour, d’autres en reviennent et donnent des leçons, mais le fait est que je crois réellement au fait que nous sommes des moitiés de puzzle et que nous attendons un jour de rencontrer l’autre moitié parfaite pour ne faire plus qu’un. Je ne vais pas continuer plus loin dans cette vision (que l’on peut juger personnelle, bien sûr), mais elle amène donc à une première question : peut-on éprouver ce genre de sentiment pour quelqu’un du même sexe que soi ? Je n’ai jamais eu à ressentir ça, mais je peux l’imaginer. Si l’Amour n’est pas quantifiable et échappe aux lois naturelles, il se peut très bien que l’autre pièce de puzzle soit du même sexe. Pour autant, dire que l’homosexualité est naturelle ou pas, c’est un autre débat, assez vaste également. L’homosexualité existe dans le monde animal, mais il est logique de se dire qu’elle ne peut rester que marginale, car seule l’union de deux spécimen de sexe opposés peut permettre la reproduction et la continuité de l’espèce.
Le mariage
Je vais maintenant vous donner mon opinion sur la question du mariage gay, et j’expliquerai ensuite pourquoi je pense ça, en me permettant justement de parler du statut du mariage. Si j’en crois la plupart des dicos que j’ai feuilleté (Larousse, Petit Robert, dicos en ligne), le mariage est L’union légale d’un homme et d’une femme. Le Larousse émet cependant la distinction avec certains pays où il peut également être l’union légale de personnes de même sexe. Voilà déjà un premier constat, uniquement sémantique. Voilà donc ce qui me dérange principalement : le fait que l’on utilise un terme en dehors de sa signification. Le PACS n’assure pas les mêmes droits et les mêmes avantages que le mariage, et c’est en ça que je suis pour une forme d’union entre personnes de même sexe aboutissant exactement au même statut que deux mariés homme/femme.
A cela, il faut rajouter une vision historique, et, religieuse. Car bien entendu, quoiqu’on en dise, la France demeure un pays au passé fortement imprégné par le catholicisme, et la notion même de mariage, aussi laïque soit-elle désormais, est issue du mariage religieux. C’est après la révolution de 1789 que le mariage civil est apparu, autant dire que, par rapport à l’histoire de l’hexagone, c’était hier. On peut donc commencer à comprendre la réaction de certaines personnes, ancrées dans une certaine vision (que l’on peut considérer juste ou pas, là n’est pas la question) du mariage dans leur pays.
Mais revenons à nos moutons. Après réflexion, ce qui me pose souci, c’est donc que l’on emploie le mot « mariage » pour unir deux personnes de même sexe, et pas qu’on leur donne les mêmes droits que des mariés hétéros (ce qui pour moi est normal)
Mais en quoi ça te pose problème qu’on appelle ça « mariage » alors connard ?
Mais je ne sais pas vraiment ! C’est d’un point de vue lexical que ça me gêne. Je suis pour l’égalité, et je suis tout à fait d’accord pour que deux personnes du même sexe aient les mêmes droit que deux personnes de sexes opposés, mais je n’ai pas envie qu’on change la signification d’un nom qui a un terme précis. Pourquoi ? Parce que tout simplement, le terme mariage a une signification bien précise, venant du latin : mas/maris : le mâle. Difficile d’accorder ce genre de définition si l’on unit deux femmes, par exemple. Tiens, d’ailleurs, les féministes ne disent rien contre le terme mariage, qui renvoie uniquement au mâle ? (quoique certaines définitions affirment que son étymologie s’inspire également de mater, la mère. C’est bon, rangez vos carabines.)
Alors la voilà ma question : si l’on créait une union nommée « le Doubitchou » et qu’elle accordait les mêmes droits qu’un mariage « classique », serait-on encore dans l’inégalité ? Les couples homosexuels s’en satisferaient-ils ? C’est la véritable question que je me pose, car il y a toujours ce quelque chose qui me dérange dans le fait d’appeler « mariage » une union entre personnes de même sexe. Peut-être ne suis-je pas assez ouvert d’esprit, peut-être ne suis-je pas au bout de ma réflexion et qu’elle évoluera, je ne le nie pas du tout. Ou bien suis-je trop axé sur le sens littéral du mot, études de lettres oblige.
Si moi, Parisien, j’ai ce genre de réflexion, alors que j’ai l’occasion d’avoir des amis gays, de me promener souvent dans des quartiers dits « gays », alors, quelle peut être la réaction d’une petite grand-mère de province qui n’a jamais vu deux filles se rouler un patin ? Bien sûr, toutes ces manifestations sont fortement récupérées par des extrémistes de tous poils, des ultra-conservateurs anti-avortement ultra-catholique pour lesquels j’éprouve fort peu de sympathie, mais elles regroupent aussi des gens comme cette petite mamie, qui ne comprennent pas trop ce qui se passe, et qui ont envie de dire leur étonnement et leur désaccord. Mais j’éprouve aussi fort peu de sympathie pour tous ces gens qui s’offusquent de constater qu’il y ait des manifestations contre le mariage gay, pour ces gens qui s’en indignent et ne trouvent pas ça normal. Je pensais qu’on parlait de tolérance, et voilà justement un exemple flagrant prouvant le contraire. On peut demander à être accepté, à avoir les mêmes droits que « les autres », mais il faut aussi s’attendre et accepter l’opposition, en discuter et comprendre les positions de chacun, sans pour autant prendre les armes. Je dis ça car j’ai vu des personnes qui me semblaient pourtant assez objectives, intelligentes et calmes (sur Twitter, Facebook, bref, les réseaux sociaux quoi) péter pas mal les plombs face aux manifestations anti mariage gay qui ont eu lieu en France il y a quelques semaines. Oui, on est d’accord, elles sont lancées et soutenues par des mouvements aux mœurs parfois d’un autre âge, mais elles regroupent aussi des gens perdus, qui ne comprennent plus l’évolution de la société et qui s’inquiètent des répercussions que pourraient avoir l’autorisation du mariage gay. Et ça, en soi, je le comprends tout à fait : on ne change pas les habitudes des gens et des notions gravées dans l’inconscient collectif et dans les habitudes d’un pays depuis des siècles, en quelques jours seulement.
Et ce n’est certainement pas le communautarisme qui aidera les gens à accepter ça facilement. Pour la mamie de province précédemment citée, je comprends la peur engendrée par une manifestation telle que la gay pride et son cortège d’exubérances en tout genre. La tolérance, c’est dans les deux sens, et c’est aussi accepter que ce qu’on peut faire d’ouvertement choquant puisse effectivement choquer, même si le but de départ était ludique. Au contraire, j’ai l’impression qu’une fois de plus, on a l’exacerbation d’une communauté gay, avec tous les travers que cela implique : à savoir qu’elle ne représente pas tous ses membres, et que pour moi, être gay, c’est un fait, ce n’est pas une philosophie, une religion, un art de vivre.
L’adoption par un couple homo, c’est encore un autre débat. Pour résumer, je pense que si les études et les années montrent qu’un enfant peut vivre de façon équilibré avec deux papas et deux mamans, je ne vois pas où est le problème. Il y a trop d’enfants orphelins sur terre pour se priver du luxe d’offrir des parents à un môme qui ne demande que ça. Par contre, n’oublions pas qu’un enfant, ce n’est pas une machine à laver ou un aspirateur, et que ce n’est pas quelque chose que l’on décide d’avoir sur une envie ou un coup de tête. Parenthèse fermée.
Et donc pour résumer ?
Que l’on désire s’unir publiquement, partager sa joie et montrer son amour à la société, je trouve ça beau. Et ça, qu’on soit hétéro ou non. Que la loi accorde autant de droits à un homme et une femme mariés qu’à un homme et un homme, ou une femme et une femme, je trouve cela normal aussi, et le PACS n’offre pas tous les droits nécessaires à ça.
Petite question maintenant. Est-il possible d’aimer deux personnes à la fois ? Et que ces deux personnes s’aiment entre elles également. Est-il possible qu’une relation à trois existe, de façon profonde, sincère. Nous sommes plus de 60 millions de Français. Combien existe-t-il de personnes qui s’aiment à trois ? Je pose la question avec une véritable innocence et pour vraiment ouvrir le débat. Est-ce que les personnes qui défendent le mariage gay défendrait le mariage à trois ? Si trois personnes s’aiment et veulent vivre ensemble et offrir une famille à un enfant (de plus, il est alors possible de l’avoir « naturellement »), pourquoi ne pas leur accorder cette chance ? Si, au contraire, on est contre cette idée, comment ne pas paraître aussi fermé d’esprit que ceux qui attaquent le mariage gay ?
La société impose des critères très précis et nous cloître dans des modes de vie qui ne correspondent pas forcément à notre condition animale et/ou spirituelle. A nous de savoir si nous pouvons transcender ces règles en les acceptant, ou bien les changer, en acceptant le fait que certaines de nos lois sont trop anciennes.