Musique, argent et femmes faciles

 

White album des Beatles, prix spécial Internet : 23,99 €.

Mes yeux se plissent, cherchent l’erreur. Ah oui, « remasterisé ». Ouf, j’ai eu peur. J’ai cru que tu voulais m’enculer sec.

Bon, allez, de qui smoke-t-on ? La fumée me sort par les oreilles d’ailleurs. C’est sûr que les Beatles, petit groupe en devenir, n’ont pas eu le temps encore de rentabiliser hein. Quand tu connais le prix du CD vierge, le prix de la compression… tu fais rapidement le calcul, et t’arrive à un truc genre : tu payes en fait 20 euros pour le reste (un euro pour l’artiste, et 19 euros pour la maison de disque, le CD, le giga mix remasterisation de mamie, bref…)

La question est évidente, mais pourtant, peu se la posent. Doit-on gagner de l’argent par la musique. Est-ce vraiment le but premier de l’art ? Chacun possède sa réponse, et les artistes qui vivent de leurs créations ont bien entendu le droit de protéger leur steak. C’est leur boulot.

Là où le bas blesse, c’est quand on nous demande de payer très cher, pour quelque chose qui ne revient pas vraiment en priorité à l’artiste en question, qui se gagne une marge minable, et où la maison de disque, toujours en train de pleurer, mais jamais sur la faille, t’explique par A + B que les temps sont durs, que Internet est en train de tuer l’industrie du disque, et que quand tu télécharges un morceau illégalement, la maison de disque en question serait bien pour t’envoyer en prison si l’État le lui permettait.

Reviens quelques années en arrière, et tu verras que la même industrie du disque pleurait déjà à l’époque des radios et des cassettes audio vierges qui te permettaient d’enregistrer tes morceaux préférés au moment où ils passaient sur les ondes. Personne n’ira te faire chier lorsque tu sortiras ta vieille k7 30 min mixé par tes soins lorsque tu écoutais Fun Radio tous les soirs Hein CaliKen ?

L’industrie de la presse s’est également cassée la figure, et là, on n’a trouvé personne à qui casser du sucre sur les gencives. Enfin, si, on aurait pu accuser la télévision, malheureusement, comme ce sont un peu les mêmes qui gèrent la TV et les maisons de disques, bah du coup, hein, ferme ta bouche. Et puis, bon, la presse papier, c’est has been, t’as qu’à prendre une tablette tactile comme tout le monde pour lire le Figaro dessus. Une bonne appli payante, « un accès à 24h d’information en continu et à la dernière édition digitale du quotidien pour seulement 0.79€/jour« , mais c’est le futur, t’inquiète. Ca, on a le droit. On préfère accuser le net sur la périclitation du CD, sans réfléchir au fait que c’est surtout le format qui est en train de mourir (au même titre que le vinyle), et on se rassure comme on peut en injectant à fond dans les plateformes de dématérialisation à la Itunes. Sympa pour le collectionneur et fan de zic qui ne pourra bientôt plus avoir ses petits CD’s à mettre dans ses meubles de rangement Ikea.

L’art se doit d’être accessible à tous, et par la même, il a pour vocation d’être disponible pour tous, et donc, d’être gratuit. Le but de l’artiste est de partager sa création, et s’il veut en vivre, la vente de disque ne doit pas être une finalité. Les vrais fans sont là pour acheter, pour venir en concert (on n’a pas encore réussi à pirater les concerts et y assister sans payer, à moins d’être un pro de la discrétion et un ninja éviteur de vigiles).

Que faire, encourager le piratage ? On va pas non plus encenser ces connards qui, sous prétexte d’être mélomanes, téléchargent toute une discographie complète en quelques minutes. Là, pour le coup c’est du vol. Perso, je l’ai fait, oui. Et ensuite, conquis par l’artiste, j’ai acheté tous ses albums (progressivement) pour :

1- Avoir une vraie qualité sonore CD

2- Avoir l’artiste en question chez moi, dans une édition classe

Maintenant, le pauvre gugus qui se retrouve avec un mail d’Hadopi parce qu’il a voulu télécharger le dernier album de Johnny mérite-t-il la peine de mort ? Je ne crois pas vraiment… Mais on préfère largement le pointer du doigt, et oublier qu’on met surtout en avant de la grosse merde ultra formatée, tandis qu’aucune loi n’est réellement là pour protéger les petits artistes qui en chient et qui, très souvent, ont bien compris que proposer leurs créations audio gratuitement sur le net est un moyen de se faire connaître (et ça n’empêche pas les gens d’acheter leurs albums par la suite).


4 Comments

  1. Rhyscard septembre 17, 2011 7:57  

    Je te plussoie sur le plan théorique. Mais faut bien que les artistes aient à bouffer et vivent deleur production. Quelques gros groupes mettaient leurs albums en ligne surleurs sites officiels, sachaNt très bien que les fans achèteront la galette quoiqu il arrive (nine inch nails et Radiohead l’ont fait) . Je sais pas si c est toujours la tendance.
    Sinon le remasters du White Album est tout bonnement magique, fourreau cartonné, son à tomber par terre. Et puis bon, c est le White Album, quoi…

  2. Pithou septembre 17, 2011 8:33  

    Bof … ça restera toujours du numérique qui est à la musique ce que le « plat tout prêt » est à la gastronomie : c’est pratique, ça se consomme facilement, ce n’est pas mauvais voire parfois agréable, c’est standardisé de chez standardisé, ça ne déboussole pas les oreilles formatées par bientôt 30 years de musique sous forme de petits uns et de petits zéros … pourquoi pas … mais pourquoi aussi un ingénieur du son d’il y a quarante ans qui a écouté, réfléchi, passé du temps à peaufiner son enregistrement n’est il pas respecté ? Le remix, ce devrait être aussi Hadopunissable … sauf si c’est la même personne qui remixe.
    On pourrait aussi raviver les couleurs de la Joconde qui sont un peu fadasses et pas ad

  3. Pithou septembre 17, 2011 8:43  

    … (suite) … pas adaptées à l’esthétique picturale actuelle.
    Petit couplet sur le téléchargement légal : un disque à 20 et quelques balles contient environ 15 à 20 morceaux … si l’on télécharge légalement à un prix moyen de 95 centimes, disons pour simplifier 1€, ça fait pratiquement la même somme qu’un CD, le tout en mp3 ultra compressée (les aigus et les graves,déjà bouffés par l’enregistrement numérique et rajoutés artificiellement ensuite ce qui donne ce merveilleux son de « concert à l’intérieur d’un gazomètre » – eh oui, les oreilles sont tellement déformées que personne ne l’entend plus – sont encore plus altérés, déformés et encore plus recréés numériquement … cherchez l’erreur) sans véritable support, sans pochette, sans photos, sans explications, etc … et sans garantie que le fichier arrive vraiment entier … ouf …
    C’est du vol, ma bonne dame ! Un fichier téléchargé ne devrait pas coûter plus que 15 à 20 centimes …
    Et vive la thune !

  4. Pithou septembre 17, 2011 8:43  

    Youpie, on vit une époque fooooooormidaaaaable !

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